Tous les héros s'appellent Phénix

S i elles n'étaient pas montées dans sa voiture ce soir-là, est-ce que cela aurait changé le cours des choses ? Sacha et Phoenix ne le sauront jamais. En attendant, elle ont fait entrer dans leur famille un inconnu dont les airs de gentil professeur cachent une intense rage.

Les éditions Rue de Sèvres proposent souvent de très bons ouvrages et "Tous les héros s'appellent Phoenix", adaptation du roman de Nastasia Rugani, présentait sur le papier de grands atouts. Néanmoins, force est de constater que ça capote. Le scénario de Jérémie Royerne ne décolle que tardivement, et encore, un peu seulement et de manière relativement prévisible. Le lecteur est sauvé de l'ennui grâce à la jolie complicité entre les deux sœurs mais en dehors de cela, ça patine. Le personnage du beau-père pêche dans son développement, quelles sont ses motivations ? Qu'éprouve t-il ? Pourquoi ce comportement ? La mère est inexistante et le père absent est vraiment… absent. De plus, les incohérences dans les caractères sont assez nombreuses et perturbent la lecture : une fillette récitant Tchekhov, connaissant Dario Argento, Gatsby le magnifique ou encore faisant référence à Lolita ? Une adolescente dont il est difficile de partager les sentiment, tellement contradictoires ? Difficile également de définir le public ciblé, le sujet est grave pourtant le traitement se situe nettement dans le registre pour les jeunes. Une position plus tranchée aurait certainement permis une meilleure restitution du texte de la romancière.

Le graphisme contribue à la platitude de l'intrigue. Avec son aspect naïf, simple et peu détaillé, il n'instaure pas l'ambiance tendue ni la violence psychologique et physique attendues. Les aplats de couleurs s'avèrent fades, donnant un résultat lisse et sans caractère particulier. L'ensemble se lit cependant sans déplaisir.

À cause d'un manque de force narrative, de surprise et de vraisemblance, ce livre au réel potentiel dramatique n'atteint pas l'objectif d'émouvoir et tombe dans la platitude d'un fait divers. Dommage.

Moyenne des chroniqueurs
5.5