Lucienne ou les millionnaires de la Rondière

«Combien ? 200 000 euros ???» Lucienne Gallois n'en revient toujours pas. Elle tient dans ses mains une lettre qui l'informe qu'elle est la grande gagnante du concours «Outillor». Grâce à cette fabuleuse somme tombée du ciel, elle va pouvoir parrainer davantage d'enfants nécessiteux à travers le monde entier. Georges, son époux qui est fourré à tout bout de champ sous son tracteur, peut bien dire ce qu'il veut, parce qu'en attendant, c'est sûr, elle a gagné. C'est donc avec son vieux paletot sur les épaules et son fichu sur la tête qu'elle s'en va réclamer son gain.

«Tout est vrai, sauf l'histoire» - A. Ducoudray

Lucienne ou les millionnaires de La Rondière est d'abord et avant tout l'hommage appuyé d'un auteur envers ses aïeux. De ce petit village ancré dans la campagne profonde de l'Indre, jusqu'à Lucienne et Georges ses grands-parents, en passant par la Marie et Vonnette, tous ces personnages ont réellement existé. Seul le scénario dans lequel Aurélien Ducoudray (Les Lumières de l'aérotrain, Monsieur Jules) les fait baigner, est fictif. Fin des années 1970, Jacques Mesrine l'ennemi public numéro un est sur le point d'être abattu par la police. Loin de cette effervescence criminelle, un couple de paysans occupé à ses tâches d'agriculture et de maraîchage voit son quotidien bouleversé par une publicité mensongère. Un prospectus racoleur étudié pour aller piquer la crédulité de quelques personnes débonnaires, loin d'imaginer qu'il s'agit ni plus ni moins d'un piège. L'arnaque, qui a pour seul but d'inciter à la consommation, demeure néanmoins légale après avoir été épluchée en long en large et en travers. La narration et les joutes verbales très "rurales", aussi hilarantes et émouvantes que celles des Bodin's, séduisent. Le coup de crayon, une nouvelle fois très caricatural du talentueux Gilles Aris, n'épargne personne, apportant aux protagonistes des mines impayables et désopilantes.

Au diable l'argent ! Simplicité, générosité et gentillesse restent les véritables richesses de ces «petites gens». Un album à découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
6.0