Le roi de Paille 1. La Fille de Pharaon

C ité royale de Saïs en basse-Égypte, 563 avant J-C. L'attention du pharaon Iahmes-saneith est attirée par Neith, une de ses nombreuses filles, qui exécute remarquablement bien une danse religieuse de purification. Pour échapper à sa convoitise et sa couche, la jeune femme se doit de fuir, soutenue et accompagnée par son frère Sennedjem. Très vite, leur exil va les jeter entre les mains du pire ennemi de leur paternel, le roi de Babylone. En faisant d'une pierre deux coups, il leur promet un triste sort.

Un roi de paille était un leurre. Il consistait, à une époque où les superstitions et les croyances dictaient les rôles et les actes de chacun, à remplacer le souverain par un innocent le temps que durent et passent les malédictions. Les dieux, ainsi dupés, jetaient leur dévolu et quantité d'ensorcellements sur le pauvre bougre qui avait pris à ses dépens l'apparence du monarque. Grâce à cette substitution, ce dernier était préservé et sauf. Autour de faits et coutumes avérés, Isabelle Dethan (Mémoire de sable, Le tombeau d'Alexandre) (re)connue pour avoir brandi l'Alph'Art avenir en 1992, propose une histoire singulière et surprenante. Celle de deux rejetons régaliens contraints de prendre leurs jambes à leur cou pour échapper à la concupiscence de leur propre père. Faits prisonniers par le peuple adverse, la sentence qui leur pend au nez est diabolique, mais paradoxalement, elle ravira la part de sadisme qui sommeille en chaque lecteur. L'autrice entame un diptyque historique qui s'appuie sur un travail documentaire rigoureux qu'elle auréole de conspirations et de trahisons, dans un récit qui ne tolère aucune pause. Les teintes douces et chaudes ainsi que quelques cases dont les contours s'évanouissent progressivement, réussissent à faire pardonner les petites imperfections commises sur les personnages.

Aussi solide qu'une pyramide, chaque retournement de situation qui bâtit ce premier volet est intelligemment posé puis empilé sur les fondations d'un synopsis distrayant et captivant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0