Longue vie

M enant tranquillement son existence dans les alpages, il a vu sa famille se faire massacrer par des brigands. Il décide de se venger et part à la poursuite des assassins. Justice faite, il se joint à une bande de voleurs et arrive rapidement à en devenir leur chef. Quelques aventures et combats mémorables plus tard, il prend le pouvoir sur la région et devient roi. En chemin, il trouve l’amour et met fin aux agissements d’un monstre sanguinaire. Il continue ensuite son règne jusqu’au seuil de sa vie, une longue vie en vérité.

Longue vie
fait partie de ces livres sortis de nulle part et qui marquent instantanément. BD muette composée d’illustrations pleine page, la proposition est originale, même si un certain Moebius avait lancé la mode avec Arzach il y a pas mal de lustres déjà. La comparaison aurait eu un sens si, depuis l’apparition de cet autre ovni dessiné, la planète Neuvième Art n’avait pas vu défiler nombres d’auteurs et autant de nouvelles façons de raconter. En effet, le style de Stanislas Moussé a plus à voir avec Christopher Hittinger ou Lewis Trondheim, le tout mâtiné de la puissance narrative de David B, qu’avec celui du créateur de L’Incal. En résumé, une sorte de minimalisme frénétique dans lequel le dessin seul a la charge de la narration.

Et quel dessin ! Minutieux à l’extrême, l’artiste a rempli ses pages de points et de petits traits bouillonnants. L'aspect visuel est extraordinaire. L’œil se perd d’abord tant les compositions grouillent de détails. Puis, peu à peu, une architecture sous-jacente se détache et une foule de scènes et d’action apparaissent. Pas de doute, c’est bien le roman d’un destin plus que mouvementé dont il est question ! Batailles rangées, escarmouches, assauts et sièges se succèdent. Rencontres, trahisons, mariages, naissances et décès se côtoient. Outre le rendu hypnotique de ses planches, l’auteur n’a pas oublié de construire méticuleusement son histoire. Mises en abîme, rappels temporels, métaphores cosmiques jalonnent l’ouvrage lui conférant une grande cohésion sur toute sa longueur.

Et que dit le fond du propos ? Tout est déjà dans le titre finalement. Véritable saga au sens littéral du terme, Longue vie s’avère tout naturel et foisonnant à la fois. Bien plus qu’une simple curiosité graphique virtuose, il s’agit avant tout d’un véritable récit « plein », passionnant et touchant.

Moyenne des chroniqueurs
7.3