La maison des fragrances - Les Parfums du pouvoir 1. Le parfum du pouvoir

D ans la famille Capella, on est "nez" de père en fils. Depuis des décennies sa renommée en fait l'une des plus prestigieuses entreprises de parfumerie au monde. Tout semble aller pour le mieux, jusqu'au jour où le patriarche est victime d'un malaise alors qu'il est dans les bras d'une escort-girl. Le P.D.G n'est pas encore mort que beaucoup l'ont déjà enterré et préparent sa succession. Car ce sont les ambitions et l'argent qui dictent les règles du jeu.

À l'instar du clan Steenfort dans Les Maitres de l'orge, sous quel prétexte ce secteur d'activité serait-il épargné par la félonie ? Philippe Ughetto, Président de la Fragrance Foundation France, confirme : «Parce que la BD a cette particularité, comme l'écriture, de mixer la réalité et l'imaginaire, place à la face plus sombre de cette parfumerie qui n'échappe pas aux affres de concurrences parfois houleuses, avec ses alliances, ses intrigues et ses trahisons

L'entrée en matière, certes timide en raison d'un manque de rythme sur la première moitié de l'album, s'épaissit et gagne en intérêt par la suite. Mais avant que l'intrigue ne prenne toute sa dimension, le duo Éric Corbeyran – Christophe Mot s'est employé à asseoir les bases de sa saga en présentant à tour de rôle les nombreux acteurs, leurs statuts et leurs implications au sein de cette firme et de ses ramifications. L'expérience personnelle de l'un dans ce domaine, additionnée au talent avéré de scénariste de l'autre, apportent l'arôme dont le lecteur aura besoin pour être éclairé sur la longue et minutieuse conception des essences. La redoutable rivalité, les normes et impératifs imposés par la législation dans l'élaboration des produits sont détaillés à bon escient. De même, et pour augmenter la crédibilité du thème, les auteurs ont situé l'action à Grasse, une ville connue et reconnue comme étant une place forte de l'industrie du parfum.

Secondé par des dialogues brefs et incisifs, le joli coup de crayon anguleux de Piotr Kowalski (Badlands, La Branche Lincoln) se perd souvent dans des surcharges en détails qui atténuent son trait réaliste, principalement sur les faciès de ses protagonistes, les empêchant d'exprimer pleinement les émotions ressenties. Nonobstant, le plaisir visuel reste au rendez-vous, ne serait-ce qu'à la vue de la superbe couverture réalisée par Viktor Kalvachev.

Si Le parfum du pouvoir a l'odeur de la discorde et de quelques petites manigances, la suite promet de sentir bon les complots et les multiples rebondissements.

Moyenne des chroniqueurs
6.0