Le garçon Sorcière (Kinaye) 1. Le Garçon Sorcière

A ster l’a encore fait ! Espionner les leçons de sorcellerie dispensées par sa mère et ses tantes aux filles de la famille. Pourtant, la tradition l’interdit. Comme tous les garçons de la lignée, l’adolescent est destiné à devenir métamorphe. Il n’empêche qu’il a fait pousser des mûres grâce aux formules apprises en catimini. Et cela a drôlement impressionné Charlie, une gamine du voisinage à qui il a promis de trouver un moyen de guérir sa jambe cassée. En attendant, il doit se coltiner une soirée à la belle étoile, car, en cette nuit d’équinoxe, lui et ses cousins devraient recevoir la visite d’animaux prêts à passer un pacte avec eux. Hélas, rien ne se passe comme prévu. Suivant une sorte de feu follet, Sedge disparaît brusquement sous les yeux d’Aster, puis Aquila et Tupelo se volatilisent à leur tour. Qui s’en prend ainsi au clan ?

Paru en 2018 chez Scholastic, Le Garçon sorcière vient d’être réédité, fin janvier 2020, par Kinaye, dans sa collection Graphic Kids. Déjà dessinatrice et coloriste sur La révolte des Valtis, l’États-unienne Molly Knox Ostertag porte, ici, également la casquette de scénariste. Dans ce tome d’ouverture, elle propose met en scène un héros en herbe en décalage avec les attentes des siens, mais déterminé à faire ses preuves. Elle enrobe son récit d’un discours autour du poids des préjugés et des secrets familiaux, ainsi que de l'amitié et la différence, le tout sur un ton positif et résolument battant. Le fantastique s’invite à travers les dons des protagonistes, des objets enchantés et quelques incantations. Par ailleurs, le mystère est au rendez-vous grâce au danger qui rôde à l’extérieur et les indices, bien que distillés assez tôt, parviennent à titiller la curiosité. Moins que l’identité du coupable – relativement simple à déterminer -, l’intérêt tient plutôt dans la manière dont Aster réussit à s’imposer dans sa singularité.

Côté dessin, les visages, tout en rondeur et aux contours francs, se révèlent expressifs, embarras et rosissements émotifs y alternant avec angoisse, colère ou détermination. La galerie de portraits est riche et leur affiliation n’empêche nullement une bonne caractérisation de chacun, les distinguant les uns des autres. Quoique peu nombreux, les décors marquent également une distinction visuelle entre l’environnement teinté de magie où évoluent généralement Aster et les siens, et les incursions du garçon chez son amie Charlie. Enfin, la colorisation, essentiellement en aplats, apporte sa touche à l’atmosphère générale.

Une entrée en matière plaisante et divertissante pour Le Garçon sorcière dont le prochain volet (sur trois) paraîtra en juillet 2020.

Moyenne des chroniqueurs
6.0