Ne regarde pas derrière toi

O ctobre se profile à l'horizon, l'occasion est parfaite pour faire des photos de la mer. Cependant, quelque chose sur le cliché de Blanca dérange, une forme noire, étrange... Cette silhouette opaque, la jeune fille l'a déjà vue auparavant, plusieurs fois même. Y a-t-il un rapport avec le corps sans vie retrouvé sur la plage ? Un lien avec le jeu dont tout le monde parle, Don't look back ?

Ne regarde pas derrière toi est le deuxième roman graphique d'Anabel Colazo. Comme dans Proches rencontres, l’artiste espagnole propose un scénario insolite, où abondent mystères et événements inexplicables basés sur des légendes urbaines, en l’occurrence, ici, les «creepypastas», des mythes propagés via le net. L'intrigue, concentrée autour de trois adolescents, se déroule quasi en huis-clos, renforçant l’oppression générée par le ton général. Entre les préoccupations dues à leur age, la thématique de l'influence de masse et l'impact du virtuel, le lecteur se sait pas trop où l'auteure veut en venir. En effet, après avoir entremêlé ces fils, la fin reste très ouverte, sans réponse aux interrogations posées au départ, ni réelle explication au comportement des personnages. Dommage, car, outre le sujet intéressant et au potentiel riche, la construction est habile et subtile, distillant le suspense et faisant monter la tension crescendo.

Le style de la dessinatrice déroute par rapport au fond : naïf, simple, minimaliste, presque grossier avec ses allures peu gracieuses et son travail de trame dense. Néanmoins, il se révèle finalement pertinent, si l'intention souhaitée est de donner l'impression d'une sorte de journal intime, de témoignage d'un des acteurs.

Entre critique des travers de la société, chronique adolescente et récit fantastique, l'ouvrage hésite et, de ce fait, peine à convaincre pleinement. Reste une lecture atypique, avec une personnalité graphique réelle.

Moyenne des chroniqueurs
6.0