Retour de flammes (Galandon/Grande) 1. Premier rendez-vous

P aris, 1941. Le commissaire principal Lange flanqué de l'inspecteur Goujon a du pain sur la planche. Des pellicules de films sur la propagande allemande et des pamphlets antisémites ont été incendiées dans la salle de projection d'un cinéma. Par-dessus le marché, la Gestapo et la haute hiérarchie policière font pression, exigeant d'eux des résultats concrets et rapides. Pour le duo commence un travail qui va s'avérer beaucoup plus compliqué et dangereux qu'il n'y paraît.

Paris brûle-t-il ? Quelques années avant la reddition de la Wehrmacht conduisant à la libération de la capitale française, les forces de l'ordre, alors en place, se lancent aux trousses d'un mystérieux pyromane qui focalise ses actes terroristes dans un milieu en plein essor, celui de l'industrie cinématographique. L'histoire romancée de Laurent Galandon (L'Envolée sauvage, La fille de Paname) posée en période d'occupation nazie, joue avec les nerfs de ses lecteurs, les trimbalant de suspects en coupables désignés et tous autant crédibles les uns que les autres. La chronologie des événements méticuleusement présentés, de même que les nombreuses fausses pistes, parviennent à remettre en cause les propres investigations et les jugements des enquêteurs en herbe. De cette façon, les soupçons fondés sur l'un s'écroulent deux pages plus loin à la vue des charges qui pèsent sur le suivant et ainsi de suite. Derrière la trame, Retour de flammes permet de comprendre quels étaient les enjeux économiques et les impacts politiques du 7ème art à l'aube de son essor.

De talent, il en est aussi question dans le dessin, car Alicia a déjà tout d'une "Grande". Certes facile, le jeu de mots résume les débuts remarquables d'une nouvelle recrue dans l'univers de la bande dessinée. S'il offre une lecture tout à fait agréable et déjà plein de maturité, son trait, prometteur et qui semble privilégier les silhouettes et les mouvements, ne demande par la suite qu'à gagner en réalisme.

Énigmatique, déroutant et par moments jubilatoires, ce Premier rendez-vous pris avec le public est une réussite. Affaire à suivre... de près !

Moyenne des chroniqueurs
7.0