Tango (Xavier/Matz) 4. Quitte ou double à Quito

P oursuivant leur cavale à travers l’Amérique Latine, Tango et Mario sont en route pour Quito. Les emmerdes sont, ça va de soi, au rendez-vous, alors que d’anciens partenaires à la rancune tenace tiennent mordicus à se venger. Les aventuriers leur donneront du fil à retordre.

Matz a du métier, il sait raconter une histoire et la contextualiser. Ainsi, le rythme des premières pages est au ralenti pendant que les deux copains bavardent nonchalamment de choses et d’autres ; le scénariste profite de cette mise en bouche pour résumer les enjeux des trois premiers tomes et, pourquoi pas, faire le point sur le contexte socioéconomique des régions visitées. Le ton se révèle vaguement didactique, sans pour cela être lourd. Au fait, qui n’apprécie pas d’apprendre que le pont Rumichaca, qui relie la Colombie et l’Équateur, a été construit par les Incas et qu’il demeure fonctionnel ? La vie est un long chemin tranquille entre les deux pays, jusqu’à ce le tandem soit victime d’une embuscade : déferlement de violence bref et intense, puis retour au calme. Un peu comme une pulsation. D’une accalmie à l’autre, la reconstitution du curriculum vitae du héros se poursuit. Le récit ne pèche évidemment pas par excès de subtilité : le duo n’a peur de rien, n’est jamais pris au dépourvu, tue sans remords et garde toujours son sang-froid.

Le dessin réaliste de Philippe Xavier convainc ; ce dernier affectionne de toute évidence les quartiers de la capitale équatorienne, notamment les bidonvilles qu’il illustre de belle façon. Les personnages, tant les principaux que les secondaires, ont la gueule de l’emploi et se montrent crédibles. La composition est intéressante, particulièrement l’abondance de cases pleine largeur qui peuvent aussi bien camper un décor, favoriser une forme de pause ou accentuer la cadence quand l’artiste en empile sept sur une même planche. La colorisation, très lumineuse, rend l’esprit de ce coin du monde.

Un protagoniste charismatique au passé trouble, de jolis paysages et beaucoup d’action. Il n’y a rien de neuf là-dedans, mais les auteurs connaissent la recette pour intégrer ces différents ingrédients et en faire une bande dessinée populaire de qualité.

Moyenne des chroniqueurs
7.0