Ascender 1. La Galaxie hantée

D ix ans plus tard… Tel est le prémisse d’Ascender, l’attendue suite du remarqué Descender. Jeff Lemire a donc laissé filer une décennie, le temps à la poussière provoquée par la chute des robots de retomber et à sa jeune héroïne, Mila (la fille d’Andy et Effie) de grandir un peu avant de prendre les rênes de la série. Enfin pas totalement, son père est toujours là et quelques reliques du passé balisent encore le cosmos. Le gros du changement vient dans le nouveau paradigme politique : la technologie disparue, la magie a pris sa place. Un inquiétant culte autour de la terrifiante Mère impose désormais sa loi. Le premier credo de cette religion : anéantir toutes traces des machines. Vivants jusque-là off grid, Mila et Andy vont attirer la foudre des gardiens de cette nouvelle foi quand un ancien compagnon de ce dernier fait sa réapparition…

Se basant sur une opposition fantastique/ordinateur décidément dans l’air du temps (cf. la lutte acharnée entre Continent et Couronne au cœur du Saga de Brian K. Vaughan et Fiona Staples), le créateur de Trillium a trouvé un excellent prétexte pour lancer ses personnages sur le chemin de l’aventure. Premier tome introductif, La galaxie hantée pose la situation, offre quelques précisions via des retours en arrière appréciables, tout en plongeant immédiatement le lecteur dans le vif du sujet : il vaut mieux être discret et obéissant si on veut survivre. En effet, les sorts maléfiques d’aujourd’hui s’avèrent au moins aussi efficaces que les lasers d’hier ! La relation parent-enfant très forte – une constante au sein l’œuvre de Lemire – est évidemment présente et humanise les protagonistes par l’intermédiaire de sentiments universels souvent touchants.

Aux pinceaux, Dustin Nguyen trouve avec ces terres et ce bestiaire sentant bon l’heroic fantasy un terrain de jeu à la hauteur de son talent. Fragilité et horreur, force de la nature et destruction, les aquarelles du dessinateur montrent autant qu’elles suggèrent. Mieux encore, il arrive à dynamiter un découpage un peu trop lisse avec des compositions remplies de fougue et de mouvement. Les amateurs de trognes bien senties en auront également pour leur argent avec une distribution de sbires particulièrement ravagés (la magie, c’est comme l’alcool et le tabac, il ne faut pas en abuser, sinon ça laisse des traces).

Nouvelles figures marquantes, action, enjeux désarçonnants et déjà un coup de théâtre majeur, Ascender démarre sur les chapeaux de roue. Vivement la suite !

Moyenne des chroniqueurs
7.0