Léna 3. Léna dans le brasier

A près avoir déjoué des complots terroristes au Moyen-Orient et à Paris, Léna assure le bon déroulement d’une conférence tenue secrètement dans l’arrière-pays québécois. Officiellement majordome, elle veille à la sécurité des représentants de différents États venus discuter des frontières syriennes. Les échanges s’étirent pendant des mois. Dans cet univers peuplé de hauts fonctionnaires, tout le monde a quelque chose à cacher et les fourbes ne sont pas nécessairement ceux que l’on croit.

Phalanges de l’ordre noir, Partie de chasse et pourquoi pas certains Valérian, Pierre Christin a de toute évidence une affection pour la chose politique. Dans Léna dans le brasier, il propose une vision réaliste de la diplomatie. L’héroïne joue un rôle discret, mais efficace ; les diplomates, avec leurs marottes et leurs préoccupations parfois mesquines, apparaissent également convaincants. Par petites touches, le scénariste met en lumière leurs motivations profondes et leurs allégeances réelles. Comme il est de coutume dans ce type d’histoire, le dénouement se révèle inattendu. Au rayon des bémols : un rythme plutôt lent, mais surtout, un personnage principal qui manque de densité, voire de crédibilité. Bien que l'héroïne soit en deuil d’un époux et d’un fils tués lors d’un attentat, elle ne semble pas hantée par cet événement. Il y aurait pourtant là un ressort narratif intéressant.

Précis et appliqué, le dessin d’André Juillard répond aux attentes. Le scénario est sobre et le découpage est à l’avenant : trois bandes rigoureusement de la même hauteur donnent un petit côté cinématographique au projet. Les décors nordiques sont bien rendus ; quelques indices trahissent le lieu (il est tout de même un peu étrange de lire des textes en anglais sur la vitrine d’un dépanneur établi dans la province francophone), l’action pourrait toutefois se dérouler dans le nord de l’Europe ou des États-Unis. Enfin, le jeu des acteurs souffre d’un léger déficit d’expressivité.

Un bon récit de fiction politique qui n’est probablement pas très éloigné de la réalité.

Moyenne des chroniqueurs
7.0