Tex (La jeunesse de) 2. Justice à Corpus Christi

A près avoir vengé l’assassinat de son père, Tex Willer revient au Texas. Il s’aperçoit qu’il est accusé de vol de bétail et que sa tête est mise à prix. Il a besoin de prouver son innocence. L’opportunité se présente lorsque Susan Harris est attaquée par des bandits venus dérober ses vaches. Il en tue un, en met trois en fuite et fait prisonnier le dernier. Celui-ci pourrait lui servir de témoin auprès d’un juge pour attester que les larcins sont à imputer à la bande de Zeb Mason. Il s’adjoint l’aide des RangersJim Callahan et Dan Bannion. Tex voudrait que justice soit faite, à moins qu’il ne la rende lui-même.

Tex a vu le jour en Italie en 1948, sous les crayons d’Aurelio Galleppini et dans l’imagination de Giovanni Luigi Bonelli. Il est un des héros les plus populaires de la bande dessinée transalpine et ses aventures sont innombrables. Sergio Bonelli Editore a lancé le spin off La Jeunesse de Tex. Les éditions Fordis, spécialisées dans l’exhumation des pépites du passé, la diffuse en français. Après La Vengeance (2019), paraît Justice à Corpus Christi, à nouveau scénarisé par Mauro Boselli, auteur prolifique de fumetti, et dessiné par Corrado Mastantuono, entre autres collaborateurs de Walt Disney Italia.

L’idée de narrer les tendres années d’un héros connu dans son âge mûr n’est pas nouvelle et tend à se répandre (Blueberry, Thorgal ou Alix). Reste à mettre un véritable projet artistique derrière la démarche. La fidélité aux canons de la série reste une contrainte et La Jeunesse de Tex n’y échappe pas. Il s’agit d’une aventure vécue par un Tex jeune, mais qu’aurait pu vivre le Tex adulte.

Au-delà de cet artifice, cela fonctionne. Ce sont les codes du western qui sont mis en scène, repris, triturés et jetés sur le papier. Sales gueules, violence, ruse et trahison sont légions et bien orchestrées. La narration est fluide et maîtrisée, le dessin rend parfaitement les déflagrations des armes à feu et le tourbillon des cavalcades.

Justice à Corpus Christi ne va pas renouveler le genre, mais celui-ci en a-t-il besoin ? Est à nouveau mis en image un territoire où la loi n’existe pas, ou alors de manière si ténue que la légitimité varie au gré de celui qui tient le revolver. Le western est toujours le témoignage d’un monde qui se construit, dans lequel l’individu doit faire le choix des valeurs qu’il va servir et qui vont donner du sens à son existence.

Dans la lignée des anciens (Blueberry, Comanche ou Durango), n’ayant pas à rougir à côté des Bouncer, Marshall Bass ou autre Undertaker, Tex n’a pas fini de défendre la veuve et l’orphelin, même s’il affirme naïvement : « je suis fatigué de me servir de mes colts et d’être toujours sur mes gardes ! »

Moyenne des chroniqueurs
7.0