Lord Harold, douzième du nom (Les Enquêtes de) 1. Blackchurch

H arold, douzième de la lignée Alaister Cunningham Talbot, est un jeune aristocrate anglais. Né avec une cuillère d'argent dans la bouche, il ne manque de rien. Sauf, chose impensable pour le reste de sa famille, de travail. Mais pour quoi faire ? Policier ! Voilà ce qui lui plairait. Aussitôt dit, aussitôt fait, il se retrouve affecté au sein d'une équipe de bras cassés chargée de maintenir l'ordre dans le quartier de Blackchurch, le plus glauque de Londres.

Après s'être illustrés à leur avantage dans Le train des orphelins puis dans Le cimetière des innocents, Philippe Charlot et Xavier Fourquemin retrouvent leurs crayons et leurs automatismes pour se lancer dans une nouvelle série. Celle-ci a pour toile de fond l'Angleterre victorienne, époque de la révolution industrielle et des nombreux mouvements de contestation sociale, et met en scène un jeune godelureau de la haute bourgeoisie promu enquêteur dans un petit poste de police sectorisé. Magouilles, délits et crimes, le "bobby", pugnace et insouciant, devra surmonter les nombreux obstacles qui se dressent sur son passage. Du vol jusqu'au meurtre, outre un intérêt pour des faits qui se chevauchent et sur lesquels il devra bûcher en mettant à profit ses connaissances, l'atout principal de ce premier épisode réside dans l'opposition de personnalités et les différences d'éducations des protagonistes. D'un côté, des autochtones malotrus cohabitant avec des agents corrompus et, de l'autre, les bonnes manières et la motivation inébranlable du dandy "so british" dont le seul souci est de donner un grand coup de pied dans une fourmilière gangrenée par la vermine.

Globalement, le coup de crayon de Fourquemin ne conviendra pas à tous. Si, par le passé, l'auteur parvenait aisément à séduire une large majorité du lectorat, la ribambelle de personnages présentés dans ce premier tome des Enquêtes de Lord Harold souffre, ce coup-ci, d'un trait caricatural prononcé. Ce sont l'humour et la dérision qui bénéficient de ces largesses, à l'image d'Hermès, un sympathique bulldog aux goûts de "luxe" et semblable à son maître pour aller fourrer son museau partout et surtout là où il ne faut pas.

Que ce soit sur le plan du dessin ou celui du scénario, la suite aura besoin de s'affirmer davantage pour achever de gagner les faveurs du public.

Moyenne des chroniqueurs
5.0