Les 5 Terres 2. « Quelqu'un de vivant »

J uste avant de mourir, Cyrus, roi des tigres, assassine sa fille, Miteria. Cette dernière, héritière naturelle du trône apparaissait prête à trop de compromis pour assurer la paix avec les ours, les cervidés, les singes et les reptiles. Les plus hautes fonctions échoiront à Hirus, un militaire belliqueux. Le nouveau monarque fait rapidement le ménage dans son équipe de conseillers et se formalise peu des avis de son parlement. Il planifie en outre une offensive contre les plantigrades. Son franc-parler, ses manières autoritaires et son impulsivité ne plaisent pas à tous. À personne en fait.

Quelqu’un de vivant constitue le deuxième tome de Les 5 terres, un vaste projet qui devrait en compter trente, publiés à raison de trois par année (un cycle de six albums par genre animal) pendant dix ans. Lewelyn (alias Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong) pose les premiers jalons d’un univers imposant, une sorte de Game of Thrones animalier.

L’action des premiers chapitres se déroule essentiellement chez les félins, mais les autres espèces ne sont jamais bien loin. Certains peuples présentent des tempéraments conquérants et agressifs, alors que d’autres se veulent pacifiques et conciliants. Cette géopolitique fictive rappelle la joute diplomatique qui a cours dans le monde réel. Les motivations des individus s’imposent néanmoins comme le véritable moteur de la fable. Loyauté, amour, ambition et trahison sont le pain quotidien des acteurs de ce drame aux allures shakespeariennes. La saga semble réglée comme du papier à musique et il est certain que les scénaristes savent exactement où ils vont. Ce livre, tout comme le premier d’ailleurs, suscite beaucoup de questions et donne assez peu de réponses. Il faudra vraisemblablement attendre la fin du premier arc pour que tout se tienne et l’ultime épisode, à l’aube de 2030, pour que le feuilleton affiche toute sa cohérence.

Jérôme Lereculey est seul aux pinceaux, avec un coup de pouce de Lucyd et Diane Fayolle à l’encrage et de Dimitris Martinos aux couleurs. L’entreprise n’en demeure pas moins immense, d’autant plus que les décors sont riches et la représentation des personnages soignée. Les comédiens se révèlent toutefois nombreux et il est parfois difficile de différencier deux tigres ou deux lions. Dans l’ensemble, les animaux jouent juste et leurs regards sont particulièrement expressifs.

Un projet ambitieux qui nécessitera beaucoup d’investissement de la part du lecteur s’il ne veut pas s’égarer dans cet univers alambiqué.

Moyenne des chroniqueurs
6.7