Delacroix

L e Louvre, 10 décembre 1864. Une année après sa disparition, Alexandre Dumas rend hommage à son ami Eugène Delacroix en présence d’un parterre d’invités prestigieux. Nourri par la faconde légendaire de l’écrivain, le peintre revit littéralement, alors que les différentes étapes de son existence défilent devant une sélection de ses meilleures toiles spécialement suspendues pour l’événement. Cent cinquante ans plus tard, Catherine Meurisse reprend au bond les bons mots du romancier et les agrémente de sa propre vision de cette extraordinaire œuvre.

Delacroix est un album plaisir par excellence. D’un côté, les souvenirs de Dumas s’avèrent un délice à parcourir. De l’autre, les explorations graphiques de la dessinatrice se montrent solides et souvent surprenantes par leurs audaces. Par contre, pour totalement profiter de cet étalage de talent, il est indispensable de se (re)plonger dans les compositions du maître (l’idéal serait de pouvoir aller sur place, mais internet fera aussi l’affaire). Le mieux ? La situation n’est même pas embêtante ou laborieuse, tant il est agréable de se laisser bercer par une telle beauté.

Meurisse réussit sa gageure et parvient à se glisser, avec pas mal de malice, entre ces deux géants. Loin de singer leurs manières ou de sagement s’incliner devant leurs égos (contrairement à Dumas qui n’hésite pas à tirer la couverture à lui dès qu'il le peut), l’autrice propose un superbe ouvrage et, mine de rien, arrive à imposer sa patte, ce qui constitue, soit dit en passant, un exploit à lui seul .

Drôle et décalé tout en restant immensément sérieux et facile d’accès, Delacroix est une lecture érudite et amusante à recommander à tous les amoureux de la chose artistique.

Moyenne des chroniqueurs
7.7