Stray Bullets Volume 2

L os Angeles, 1984 : marre. Amy rentre à la maison et entend bien vite que Beth s'envoie - encore - en l'air avec un nouveau mec, Ricky, un tocard à ajouter à la longue liste... Une fois de plus, la situation dégénère entre les deux femmes en fuite. C'est décidé, la jeune rebelle se tire ! En chemin, elle se liera avec un pauvre ado martyrisé par ses «copains». Les parents en virée, l'occasion de squatter tranquillement chez lui un petit moment tombe à point nommé, enfin, pas tant que ça.

Dans cette série, David Lapham (Tue-moi à en crever) assemble les pièces d'un patchwork où le noir domine. Il dévoile au fur et à mesure de son élaboration des individus qui sont autant de « monsieur tout-le-monde », de marginaux révoltés ou de détraqués en devenir et qui voient leur destin chavirer du fait d'un mauvais choix, de leur coté obscur ou simplement de leur stupidité indécrottable.

Pour ce second recueil, l'artiste revient plus particulièrement sur un duo de personnages du tome précédent : Amy et Beth. Il applique le même schéma narratif en réintégrant d'anciens protagonistes et en en présentant d'autres. Chaque péripétie exploite des ambiances différentes, basculant entre le réalisme brutal ou le déjanté perturbant, voir le fantastique. Ils joue ici davantage sur la corde sensible de ses acteurs en broyant leur cœur, leur faisant croire que l'amour existe, peut-être. Dans cette vague violente et dramatique, leur vulnérabilité et leur fragilité affleurent la surface, exaltant leurs instincts primaires et faisant ressortir leur côté pathétique. Pas de démarquage individuel, chacun d'eux explore, selon sa personnalité, le pire du comportement humain, densifiant l'aspect ténébreux de l’intrigue. L'auteur les malmènent, triture leurs nerfs et leurs sentiments et les laisse s'empêtrer dans leurs filets.

Le style réaliste des illustrations exprime l'authenticité du ton du scénario. Le noir et blanc sur fond uniforme est tranchant, accentuant les contrastes et la dureté du récit. Il se construit dans un découpage basique de huit cases qui entraîne le lecteur dans une lancinante mélopée, nécessaire à ce virage dans l'extrême.

Les amateurs de polars contemporains apprécieront grandement cette saga chorale trash (un peu moins cependant que dans la première intégrale). Cet opus explore en particulier la dimension sentimentale de tout être humain.

Moyenne des chroniqueurs
7.7