Kathleen 2. Léopoldville 60

D ébut de 1960, Kathleen troque son uniforme de guide à l’exposition universelle de Bruxelles pour celui d’hôtesse de l’air. Sa première mission l’amène à Léopoldville où elle renoue avec son amie, Monique. Le Congo belge est à la veille de retrouver son indépendance et les tensions se révèlent palpables ; les Congolais aspirent à l’autonomie, les colonisateurs se montrent inquiets, puis il y a les autres, Américains en tête, qui planifient l’après-libération, notamment l’exploitation de l’uranium, une des richesses de cet État. C’est dans ce climat tendu que la protagoniste offre son soutien à sa copine à l’épiderme clair qui est amoureuse d’un Noir.

Léopoldville 60 décrit une époque à travers une anecdote fondamentalement banale. Une jeune femme aime un homme, pourtant tout les sépare. En fait, pas tant de choses, sinon que la peau de l’un des deux contient une plus grande concentration de mélamine. L’auteur porte un regard très objectif sur les enjeux. Il reconnait les aspirations autonomistes des autochtones, tout en demeurant sensible à celles des Occidentaux qui se sont ancrés dans cette société. Le couple constitue de toute évidence la mise en abyme de ce que vit le pays : une relation d’amour-haine à l’issue incertaine. Dans ce récit, le lecteur décèle également les préludes de l’émancipation féminine, mais c’est une toute autre question.

Le dessin de style ligne clair de Baudoin Deville endosse bien le propos. Son découpage, simple et conventionnel, assure la lisibilité de l’ensemble. La reconstitution des décors et les tenues vestimentaires des acteurs sont convaincantes ; peut-être certains visages auraient-ils gagné à être davantage soignés. Une tranche d’histoire agréablement racontée.

Moyenne des chroniqueurs
6.0