Blake et Mortimer (Les Aventures de) 26. La Vallée des Immortels - Tome…

K idnappé par les sbires du terrible Xi-Li, Mortimer retrouve, à sa grande surprise, Nasir gravement malade dans le campement du sinistre chef de guerre. Prêt-à-tout pour sauver son fidèle serviteur, il s’évade en compagnie de Mister Chou et part aux confins de la jungle pour y trouver du secours. Du côté de Honk Kong, la situation est de plus en plus critique, surtout que l’infâme Olrik est sur le point de mettre la main sur la pièce maîtresse de la défense de la ville.

Après un premier tome réussi qui avait enthousiasmé les lecteurs, Yves Sente se devait d’achever La vallée des immortels avec la même autorité. Suspens à plusieurs niveaux, intrication intéressante entre histoire réelle et fiction, promesse de retrouver un personnage attachant, etc., le scénariste avait de quoi proposer un album palpitant. Malheureusement, l’éléphant accouche d’une souris et Le millième bras du Mékong déçoit, particulièrement à cause de la façon dont les différents enjeux ont été mis de côté pour faire place à une certaine facilité (paresse diront les plus courroucés). Oh, tout n’est pas négatif, le scénario contient son lot de péripéties et de surprises. Par contre, comme tout ce qui faisait l’originalité de Menace sur Honk Kong a été mis en sourdine, l’ouvrage finit par ressembler plus à une aventure lambda (la guerre, la jungle, des héros en danger, etc.) qu’à un roman épique surfant sur les cultures et les époques. Pour emballer le tout, le rôle totalement insignifiant, voire caricatural, réservé à Blake ne fait qu’ajouter au désappointement engendré par cette conclusion en demi-teinte.

Sur le plan graphique, Teun Berserik et Peter Van Dongen continuent pour leur part d’offrir une copie sans fausse note du style « jacobsien ». Ils se faufilent avec habileté entre les innombrables textes narratifs et, grâce à un trait très fin, parviennent à donner beaucoup de corps à leur découpage. Dommage que ce dernier soit nettement moins aéré que celui du volume précédent. En effet, ils ne proposent aucune grande case alors que de nombreuses scènes – celles se déroulant dans les rizières ou durant la bataille finale, par exemple – auraient certainement gagné à être montrées sur plus de pages. Cette situation, associée à un traitement narratif bien convenu, ne peut que renforcer l’impression que tout le potentiel du récit n’a pas su être mis à profit par les auteurs.

Trop formaté et étriqué, Le millième bras du Mékong n’arrive pas exploiter tous les éléments entrevus dans Menace sur Honk Kong. L’essai n’est donc pas transformé, by Jove !

Moyenne des chroniqueurs
5.0