Les guerres d'Albert Einstein 1. Les guerres d'Albert Einstein…

A lors que la Première Guerre mondiale se profile à grands pas, à Berlin, le chimiste allemand Fritz Haber, opportuniste et patriote, élabore des gaz toxiques capables d'éradiquer des lignes entières de soldats ennemis. Il convie son ami, un certain Albert Einstein, à le rejoindre pour observer ses travaux et ainsi dynamiser sa carrière. Mais à son contact, le physicien en devenir, antimilitariste, est effrayé par les conséquences d'un tel procédé, tout bonnement dévastatrices.

«La pire des institutions grégaires se prénomme l'armée. Je la hais (...) Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation.» - A.Einstein - 1934

Qui mieux que deux illustres noms de la littérature pour relater avec précision la biographie d'Einstein et mettre l'accent sur une facette méconnue et nettement moins glorieuse du célèbre scientifique ? Le journaliste et écrivain français François de Closets, auteur brillant d'une vingtaine d'essais souvent devenus des best-sellers, s'adjoint les talents et l'expérience d'Éric Corbeyran dont l'oeuvre éclectique a été saluée et récompensée à de nombreuses reprises. L'alchimie de ce tandem sert à présenter un sujet réel et gravissime : la conception et l'utilisation de l'arme de destruction massive. Mais pas seulement car le propos se veut accusateur et dénonciateur à l'encontre d'un savant se revendiquant pacifiste et toujours considéré à ce jour par la culture populaire comme un génie. L'ouvrage expose méthodiquement et chronologiquement les mécanismes qui pousseront ultérieurement cet homme à participer indirectement à la future production de la bombe atomique. Ce petit passage de l'histoire qui a fait la grande est surprenant et suscite la curiosité. La narration est explicite et concise ce qui permettra au lecteur, pour son plus grand plaisir, d'aller directement s'imprégner des faits.

Après Uchronie(s) et Shadow Banking, Éric Chabbert relève avec brio le défi proposé. La ressemblance des deux principaux protagonistes avec leurs portraits dessinés est frappante et le souci du détail est manifeste. Le trait, déjà précis, gagne encore en netteté lorsque des événements teintés d'émotion sont restitués tels ces visages colériques, ou pire, les épandages de produits asphyxiants au-dessus des tranchées et des effets atroces qui en résultent. La souffrance est rendue admirable au sens premier du terme, c'est là le tour de force de ce dessinateur habile.

Un peu à l'image d'E=mc2, l'entrée en matière de Les Guerres d'Albert Einstein offre une très bonne formule entre instruction et divertissement.

Moyenne des chroniqueurs
6.5