Alice Matheson 6. L'origine du mal

Alice a le don
De la métamorphose
Elle peut se transformer
Et rien ne s'y oppose…


Qui connait réellement cette infirmière en apparence tout à fait normale, mais qui assouvit ces pulsions morbides en accordant aux patients en phase terminale une paix éternelle ? Dans la morgue silencieuse et tranquille, le corps de Morgane Baker git sur le chariot glacé. Elle n'est pas ad patres, non, pas encore. Alice lui a promis un décès assuré : elle ne reviendra pas sous forme de cadavre ambulant. Cependant, au dernier moment, la jeune femme hésite. Qu'est-ce qui change des autres jours ? Il n'y a pas la jouissance de savourer le frisson à l'approche de la faucheuse, cette terreur dont elle s'abreuve avec avidité car la victime est consentante cette fois. Attendez... c'est impossible, pas de morsure et pourtant la prétendue morte s'agite et se jette avec violence sur un médecin de passage ! Manifestement, quelqu'un sait pour la soignante d'un genre particulier et a voulu la piéger. La suspicion règne dans l'hôpital de Londres...

Avec cette Dexter au féminin, Jean-Luc Istin propose une héroïne à la morale pour le moins ambiguë.

Les pistes et questionnements suscités au long des cinq tomes précédents trouvent leur accomplissement dans L'origine du mal : le passé d’Alice, l'identité du créateur du virus ainsi que ses motivations. Le scénariste expérimenté a su mélanger habilement le parcours de la jolie psychopathe et le fond horrifique, le tout dans un huis-clos hospitalier oppressant. Des rebondissements ont constamment brouillé les pistes et maintenu le suspense. L'autre point fort se révèle être la crédibilité du scénario, relativement plausible compte tenu des avancées médicales actuelles et de leurs dérives.

Les différents dessinateurs ayant opéré ont assuré une belle continuité esthétique. Déjà auteur du premier opus, Philippe Vandaële clôt ainsi la boucle. Son trait fin et son style réaliste accordent une certaine élégance froide, parfaitement adaptée dans ce contexte. Le soin apporté à la colorisation est pour beaucoup dans l'instauration de cette ambiance particulière, glaciale et tendue, sans être glauque.

Excellente conclusion de ce premier cycle qui a su aller au delà du simple récit de zombie avec une intrigue solide et un graphisme de qualité. Jolie référence.

Moyenne des chroniqueurs
7.0