Jérôme K. Jérôme Bloche 27. Contrefaçons

A près une enquête à saveur familiale du côté de Dunkerque, Jérôme est de retour à Paris. L’affaire est sérieuse : un enlèvement, une demande de rançon et des ravisseurs apparemment prêts à tout. C’est par l’intermédiaire de son ami le Père Arthur que le limier a été mandaté pour « régler » discrètement ce kidnapping. Évidemment, s’il y a des apparences à sauver, c’est qu’elles cachent quelques secrets pas très avouables.

Il est difficile d’encore parler d’évolution ou de changements quand vient le temps d’évoquer les albums récents de Jérôme K. Jérôme Bloche. Pourtant, si son univers est parfaitement en place, Alain Dodier continue d'affiner et de préciser son œuvre d’une manière tout en retenue. Les premiers rôles se doivent d’être à la hauteur de leur réputation et les seconds faire en sorte d’exister sans porter ombrage aux « stars ». De plus, il faut proposer un suspens convenable et une intrigue cohérente sans gripper cette mécanique si bien huilée. Sur ces points, Contrefaçons ne décevra par le lecteur et, cerise sur le gâteau, la pagination a été revue à la hausse.

Oui, c’est un réel plaisir que de suivre une fois de plus le sympathique détective sur les pavés de la Capitale. Un coup en Solex©, une virée sportive dans une Alpine© d’époque (Monsieur le curé aime les belles bagnoles), quelques stations de métro (enfin quand il arrive à passer le portique) et les inévitables tracas ménagers avec Babette, Jérôme fait ce qu’il sait faire le mieux. La volonté d’animer et de raconter des « vraies » gens plutôt que des héros-acteurs en carton-pâte est à relever. Comme à son habitude, le scénariste élargit sa Comédie humaine personnelle avec une attention toute particulière pour traiter justement l’ensemble de sa distribution.

Techniquement, l’ouvrage se montre également solide. Le découpage parfois dense est contrebalancé par une mise en scène savante (quelle profondeur de champ !). Le dessinateur se joue avec habilité des pièges du moule à gaufre classique et offre une copie d’une grande tenue. Le trait toujours aussi fin et les silhouettes longilignes façon René Follet finissent par donner l’énergie nécessaire pour transformer ces pérégrinations en véritables rodéos urbains.

Devenue une référence, Jérôme K. Jérôme Bloche est une série paradoxale qui, d’un côté, respecte les codes les plus traditionnels du Neuvième Art et, de l’autre, s’avère profondément ancrée dans le monde d’aujourd’hui. Alain Dodier continue de surprendre sans s’égarer. Chapeau l’artiste !

Moyenne des chroniqueurs
7.0