West Legends 1. Wyatt Earp's Last Hunt

H iver 1890. Si Wyatt Earp débarque un beau matin à San Francisco, ce n'est pas par bonté de coeur. Son ancien compagnon Lucky Cullen, qui lui avait sauvé la vie lors d’une chasse à l’homme particulièrement sanglante, a besoin de lui. Il ne donne pas trop de détails dans sa lettre, mais comme il s'agit d'une dette d’honneur ça ne se discute pas, il faut répondre présent. L’affaire devient encore plus personnelle quand il apprend la mort violente de son ami. Gare à l'assassin qui a perpétué ce crime, le célèbre justicier est sur sa piste !

Wyatt Earp’s Last Hunt inaugure la nouvelle collection concept West Legends. Celle-ci met en scène des personnages historiques devenus légendaires ayant marqué les territoires à l’Ouest du Pecos. La série se propose de présenter les hommes (mais pas les femmes visiblement) qui se cachent derrière ces mythes connus de tous. Outre Earp, Billy The Kid, Sitting Bull, Buffalo Bill, Butch Cassidy et Wild Bill Hickok sont annoncés.

Plutôt que de revisiter pour une énième fois la fameuse fusillade d'O.K. Corral ou un autre exploit de cet acabit, Olivier Peru a préféré se tenir à l’écart des poncifs en imaginant une véritable histoire de détective. L’intention est louable, mais guère pertinente. Sorti de son milieu et orphelin de sa dramaturgie habituelle, le héros finit plus par ressembler à un simple agent de chez Pinkerton qu’à un dur-à-cuire à la détente fulgurante. Il enquête, trouve des indices, interroge des témoins, fait des recoupements, remonte des pistes et, ouf, joue quand même un peu au poker. Oui, de l'action et un semblant de suspens, mais où est passé l’esprit de frontière ? Où sont la sueur et la poussière soufflant sur la plaine ? Sûrement pas dans ce thriller aux ressorts fatigués et déjà vus mille fois.

Exit aussi l’idée de grands espaces, le récit est urbain avant tout. Par défaut, Giovanni Lorusso montre donc San Francisco, d’une assez belle manière il faut bien le dire. Décors léchés, costumes impressionnants (les complets de ces messieurs, les robes de ces dames, etc.) et découpage inventif, le dessinateur n’a pas épargné sa peine. Toutefois, il n’a rien pu faire face aux innombrables textes narratifs et autres dialogues redondants au style linguistique discutable. Certes, la mise en scène est variée, juste légèrement déstructurée pour donner du dynamisme sans tomber dans le jeu de piste. Par contre, toute cette dextérité technique ne s'avère pas suffisante pour estomper la lourdeur généralisée de la narration. Sauvant un peu la donne, le très professionnel et appliqué Nanjan Jamberi réalise un excellent travail au niveau des couleurs. Celles-ci sont denses, profondes et apportent un véritable supplément d’ambiance à l’album.

Le western dessiné est à la mode et se porte bien. Cependant, celui-ci repose sur quelques règles simples qu’il faut savoir apprivoiser. Trop éloigné de ce qui fait l’essence du genre, Wyatt Earp’s Last Hunt finit par se confondre avec un whodunit lambda et ne rend guère hommage à la légende qu’il est censé honorer, un comble au vu de l’idée centrale qui anime la série.

Moyenne des chroniqueurs
4.0