Le detection Club Le Detection Club

E n 1930, G. K. Chesterton crée le Detection club, une association réunissant sept des auteurs de drames policiers les plus célèbres de l’époque. L’objectif est d’établir des conventions pour que l’écrivain et son lecteur s’affrontent à armes égales. Par exemple : il est exigé que le criminel soit un acteur significatif, il ne doit pas faire usage de poisons inconnus ou avoir un frère jumeau qui brouille les cartes. Ah oui, les Chinois sont proscrits, allez savoir pourquoi.

Jean Harambat s’est inspiré de ce cercle littéraire pour imaginer l’histoire de Roderick Ghyll, un riche industriel, qui invite le septuor sur son île en Cornouailles. Le facétieux milliardaire rêve d’un monde où les robots accompliront toutes les tâches abrutissantes, peut-être même pourront-ils écrire des livres. Pour le moment Éric, un androïde, est d’une redoutable efficacité pour résoudre en quelques secondes les mystères de Double assassinat dans la rue Morgue et du Crime de l’Orient-Express. Lorsque l’hôte est assassiné, la créature de métal désigne rapidement le coupable. Doutant de son verdict, les spécialistes des meurtres et des complots déploient leur savoir-faire.

Le scénariste respecte tous les codes propres au roman à énigme et lance les sept limiers dans une véritable enquête avec victime et nombreux suspects (épouse, domestique, automate) retenus dans un lieu isolé. Le lecteur comprend bien que l’album s’inscrit dans le registre de la parodie et que le bédéiste bafoue chacune des règles adoptées il y a près d’un siècle, ce qui ne l'empêche pas d'être déçu par le dénouement. Il a du reste l’étrange impression que n’étant pas fin connaisseur de l’œuvre de ces romanciers, des gags et des allusions lui ont échappé tout au long de sa lecture. Mentionnons tout de même la qualité des dialogues empreints d’un humour pince-sans-rire.

Bien que le dessin se montre simple, les personnages demeurent expressifs et les décors évocateurs. Le découpage repose la plupart du temps sur une structure classique, à savoir trois bandes accueillant deux ou trois illustrations, certaines planches sont cependant construites avec des vignettes verticales et d’autres occupent toute la largeur. Certaines cases sont par ailleurs entièrement remplies de textes qui se moquent gentiment du style suranné de ces femmes et hommes de lettres.

Le pastiche est sympathique, mais la conclusion se révèle décevante, comme c’est souvent le cas dans les romans à énigme.

Moyenne des chroniqueurs
6.0