Azaqi 1. Le Cinquième Rôdeur

C ouper le sifflet aux oiseaux réveille-matin, mettre de l’ordre dans sa cabane, parler inlassablement à son caméléon domestique et enchaîner les sentences, le quotidien d’Azaqi n’a de fabuleuse que la dose d’énergie qu’il met à s’activer. L’irruption d’une fille un peu bizarre poursuivie par des dirigeables fait tout basculer. Son logis détruit, le garçon chasse activement les fauteurs de trouble avant de découvrir que la rescapée est un pantin. Plus exactement, le corps articulé de Méloé recèle en lui l’âme de l’héritière agarianne assassinée. Manifestement, les machines voulaient l’éliminer une nouvelle fois, ce qui, pour la demoiselle, prouve qu’une sombre machination a été ourdie dans son royaume. Voici l’occasion rêvée pour Azaqi de quitter sa forêt en emboîtant le pas à la jolie androïde. En route pour Philosa ! Une sacrée surprise les y attend.

Départ en trombe pour cette bande dessinée d’aventure destinée aux jeunes. Dès les premières pages, Nicolas Jarry (Les brumes d’Asceltis, Le Crépuscule des dieux, Troie, Nains, etc.) donne le tempo de son récit : il sera trépidant. Chargé à bloc et entraînant le lecteur dans son sillage, le sympathique héros se lance ainsi à corps perdu au devant d’une kyrielle de péripéties qui le confronte à un monde jusqu’alors inconnu de lui et l’amène finalement à révéler sa nature aux yeux de tous. Bien que les combats se taillent la part du lion, le scénariste n’a pas oublié de construire attentivement son univers ni de soulever des thématiques intéressantes, tout en assaisonnant l’ensemble d’un humour bon enfant. Quelques facilités auraient pu être évitées, certains personnages paraissent un peu trop caricaturaux ; cependant, de cette façon, les rôles s’avèrent bien définis, et, malgré ce bémol, la sauce prend, car la distraction est au rendez-vous.

L’histoire est portée par le dessin maîtrisé de Gianluca Maconi (Elya), que vient avantageusement compléter la colorisation de Vincent Powell. Le trait semi-réaliste du premier se révèle particulièrement expressif et assez fouillé. Par ailleurs, chaque protagoniste est caractérisé de manière convaincante, de même que les engins et le bestiaire sont bien travaillés. Le découpage, le recours aux effets de vitesse et les cadrages variés assurent le dynamisme de l’ensemble ainsi que bonne lisibilité.

Avec son entrée en matière animée, Le cinquième Rôdeur ouvre joliment une série qui possède les ingrédients nécessaires pour plaire au public visé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0