Entre Neige et Loup

J usqu’à présent, Lila avait toujours bien suivi les consignes de son père. Rester à l’intérieur, car un démon à sa recherche hante l’île glacée où ils habitent. Là, la tentation a été trop forte, son papa étant parti à la pêche, la fillette a craqué et a osé sortir faire une promenade, juste une petite, pas trop loin. Évidemment, ce qui devait arriver arriva, le blizzard se lève et elle s’égare n’arrivant pas à retrouver son chemin dans la tempête de neige…

Conte initiatique marqué par la poésie et inspiré par le Japon, Entre Neige et Loup s’adresse particulièrement aux jeunes filles qui grandissent trop vite (spécialement aux yeux de leurs parents). Braver les règles, affronter ses peurs et des dangers supposés pour, non pas s’émanciper - le sujet n’est pas encore d’actualité à cet âge - simplement montrer que l’on devient une vraie personne digne d’être prise en considération. Agnès Domergue mêle l’humour et le sérieux dans une série de péripéties rythmée par des haïkus plus ou moins sibyllins. Le ton s’avère agréable, léger sans être mièvre et permet de faire passer un message simple, mais ô combien important pour le développement personnel et l’image de soi.

Outre le fond du scénario et les différentes personnalités qui peuplent cette terre figée, l’influence du génial Hayao Myazaki se retrouve également dans les illustrations d’Hélène Canac. Heureusement, la dessinatrice ne se contente pas de singer le maître des studios Ghibli et réalise, au-delà du design kawaï des personnages, un album suivant avant tous les codes franco-belges traditionnels. La mise en scène dynamique accompagne des bestioles aux gros yeux humides à travers un univers teinté de couleurs immanquablement fuchsia. Seul bémol, même quand ça commence à faire peur, l’ambiance reste douce, peut-être un peu trop pour vraiment inquiéter ou faire frissonner.

Charmant volume impeccablement édité (dos toilé coordonné, joli papier, tranchefile, etc.), Entre Neige et Loup est une fable sympathique qui, chose rare en bande dessinée, ose utiliser directement des poèmes pour nourrir son propos.

Moyenne des chroniqueurs
6.0