Jeremiah 37. La bête

S équence déjà vue : Jeremiah et Kurdy se retrouvent pris au milieu d’une guerre de voisinage. D’un côté, les éleveurs de moutons et, de l’autre, ceux qui ne les aiment pas (apparemment). L’enjeu ? Il y aurait des richesses sous les terres où pâturent les aimables ovins. La bergère étant plus bonasse que le potentat avide de minerai, le dynamique duo a choisi son camp. Après, la situation s’envenime.

Scénario de Lucky Luke revisité par Sam Peckinpah à la manière de ceux du Gévaudan, La Bête est un Jeremiah standard ne provoquant aucune autre sensation qu’une certaine lassitude. Le vénérable Hermann entraîne une fois de plus (de trop ?) ses héros fétiches dans un conflit insignifiant et violent. Oui, la société n’est pas jolie-jolie et la loi du plus fort prévaut. La seule solution que propose le scénariste est de compter sur soi-même et de répondre œil pour œil afin de survivre. Si le discours est sans surprise, la manière s’avère plus discutable, chose rare chez le Grand Prix d'Angoulême 2016. En effet, la narration se montre passablement hachée et les dialogues en retrait, voire redondants. Fatigue compréhensible ou série ayant épuisé toutes ses possibilités ? Toujours est-il que ce trente-septième tome marque le pas et fait bien pâle figure face à ces prédécesseurs.

Tout pour l’ambiance et tant pis pour le reste. Bar crasseux à l’éclairage discret, lande brumeuse où les silhouettes se confondent et intérieurs aussi sombres que les espoirs de leurs résidents, le dessinateur n’hésite pas à forcer son trait et ses encres, avec beaucoup de réussite, heureusement. Ce dernier met à bon escient ses cinquante ans d’expérience et le résultat fait réellement froid dans le dos. Le lettrage a beau être un peu fluctuant et certains faciès moins reconnaissables qu’à l’habitude, Hermann assure toujours !

Suffisamment respectueux pour rassurer les fans et légèrement déstructuré pour tenter de masquer la redite, La Bête tient à peu près debout, particulièrement grâce à l’immense talent d’un artiste hors norme.

Moyenne des chroniqueurs
5.0