Yoko Tsuno 29. Anges et faucons

L a nostalgie ne serait-elle pas une forme de masochisme ? La sortie du vingt-neuvième volet des aventures de l’égérie du Soleil levant apporte son lot de réponses.

Il y a deux manières de disserter sur cet album, si ceci a un sens !

La première consiste à regretter les années passées et à se justifier en arguant que les physionomies de tous les personnages, à commencer par le rôle-titre, sont les victimes d’une approximation qui tranche singulièrement avec la précision apportée à dessiner les décors, le Tsar ou une locomotive à vapeur ! La main se fait-elle plus hésitante lorsqu’il s’agit de l’expressivité d’un visage ? Il est vrai que la rectitude de l'empennage d’un Handley Page 42 peut se traiter à la règle ! S’il s’agit d’aborder brièvement le contenu, Yoko a toujours été une jeune fille bien sous tous rapports, mais avec le temps la vertu devient naïveté. Ses premiers lecteurs ont vieilli, le monde a évolué, toutefois la demoiselle demeure figée dans un univers où les méchants ne le sont pas vraiment et où tout finit bien. Roger Leloup s’en est expliqué, mais empêche ainsi toute réelle évolution psychologique de son personnage qui, peu à peu, s’efface au profit de nouveaux protagonistes bien moins charismatiques.

Cela étant, la seconde façon de considérer les choses consiste à se réjouir car, imprimé à 100.000 exemplaires, l'album est actuellement en tête des ventes, preuve par l’exemple que la divine Nippone suscite encore les passions, récompensant ainsi un auteur qui a beaucoup compté pour nombre de lecteurs de 7 à 77 ans et plus. Au passage, il convient de saluer la longévité de Roger Leloup et son souci à faire plaisir à son lectorat en continuant de lui offrir de gentilles histoires. L’intention est louable, cependant le résultat ne possède plus le charme d’antan…

Anges et faucons est l’occasion de revoir Yoko Tsuno, jeune femme de papier qui, depuis longtemps, n’est plus la même, mais peine à devenir une autre !

Moyenne des chroniqueurs
5.0