Maléfices 1. Les contes d'Alombrar

Q ui ça ? Michèle, la fille du roi Albert désignée pour aller se marier avec Gorgona la princesse du peuple des démons ? C'est bien d'elle dont il s'agit. Puisque ses deux frères se sont volontairement débinés, envolés dans la nature, c'est en désespoir de cause l'idée saugrenue de son père, le souverain du comté de Brumeval. Grimée en garçon, elle va porter sur ses frêles épaules un maigre espoir de paix entre les deux races.

Après La grande Ourse, Sophie Verdaguer alias Sanoe et Elsa Bordier unissent une seconde fois leurs talents, la première, soumettant la trame de départ, la suivante, venant étoffer et peaufiner le projet. En six chapitres distincts, le rideau se lève sur un monde imaginaire riche, copieusement détaillé et directement inspiré de contes russes. Trois royaumes cohabitent dangereusement, parmi lesquels figure celui occupé par des créatures démoniaques. Quant aux deux autres territoires, ceux des humains de Brumeval et de Luméria, ils sont historiquement opposés l'un à l'autre. Selon l'avis de tous, seule une alliance semble être la solution la plus adaptée pour consolider un statut de paix. Mais comme souvent, la cupidité, le vice et l'ambition de plusieurs freluquets sont pointés du doigt, leurs sottises allant jusqu'à remettre en cause cette entente. Le récit est particulièrement entraînant et bien construit, même si certaines étapes cruciales auraient mérité d'être un peu plus approfondies. L'intrigue, bien présente dans cette fable généreuse en rebondissements, conserve son suspense jusqu'au bout, ainsi que l'agréable emprise ressentie dès le début.

Judicieusement agrémenté de quelques frises décoratives et d'une cartographie explicite pour introduire et parfaire la compréhension de l'histoire, le dessin de Sanoe respire et dégage une fantasy douce. L'auteure a su trouver le bon équilibre entre une base de réalisme, une solide texture caricaturale et, en témoigne son trait libre, une touche finale de style manga. Ainsi éloquentes, les nombreuses planches sont assemblées au sein d'un très bel écrin qui évoque celui d'un grimoire enchanté. Une invitation à l'ouvrir pour s'y engouffrer.

Avec des illustrations qui transportent et une narration captivante, Maléfices ~ Les contes d'Alombrar procure toutes les bonnes sensations que recherchent et affectionnent les lecteurs, jeunes et anciens.

Moyenne des chroniqueurs
7.0