Les compagnons de la Libération 3. Jean Moulin

L yon, 1942. Le conflit qui embrase le monde entame sa deuxième mi-temps. La France est envahie, mais la résistance s’active. Depuis ses quartiers dans la capitale britannique, Charles de Gaulle prépare l’après-guerre. Il confie à Jean Moulin le mandat de fédérer les différents groupes, incluant la gauche et les syndicats, qui devront faire front commun lorsque sera venu le temps de la reconstruction. La mission se révèle périlleuse, l’occupant veille au grain, il tente d’infiltrer les cellules des insurgés et n’hésite pas à torturer pour obtenir ce qu’il désire.

Après Général Leclerc et Pierre Messmer, la série Les compagnons de la résistance propose Jean Moulin. Le scénario de ce troisième opus, signé Jean-Yves Le Naour, apparaît complexe. L’ennemi est allemand ; il est cependant aussi, d’une certaine façon, du côté des alliés qui manigancent pour mettre en avant le général Henri Giraud, lequel se veut beaucoup plus conciliant que son collègue en exil à Londres. Le scénariste arrive néanmoins à rendre le tout fluide. Il traduit de belle façon les enjeux politiques, l’omniprésence du danger, le climat de suspicion et les risques encourus par les belligérants. Le lecteur s’étonne par ailleurs de voir deux conspirateurs parler librement de leur projet dans un tramway bondé et à du mal à imaginer comment un prisonnier aux mains liées a pu remettre un document à son bourreau.

Le dessin réaliste de Marko colle parfaitement à l’entreprise, les acteurs sont cependant nombreux et pas toujours faciles à différencier. Un découpage classique en quatre bandes assure par ailleurs la lisibilité de l’ensemble.

En fin d’album, la biographie du protagoniste est présentée dans un cahier de huit pages. Le dossier met notamment en lumière que son engagement pour la libération était à l’image de sa vie.

Un ouvrage austère et éducatif qui permet de comprendre pourquoi tant de lycées, squares et boulevards rappellent la mémoire de cet homme.

Moyenne des chroniqueurs
6.0