John Blake 1. Tome 1

L e célèbre romancier Philip Pullman (À la croisée des mondes, Le Livre de la Poussière) a sorti l’artillerie lourde pour sa première BD. Thriller à grand déploiement, John Blake ne fait pas dans la demi-mesure et propose un scénario riche en péripéties et en scènes d’action à faire pâlir Michael Bay ou James Cameron. Un vaisseau fantôme voyageant dans le temps, un milliardaire mégalomane, de la technologie incroyable, quelques personnages aux caractères bien trempés, l’inévitable duo d’adolescents débrouillards et, pourquoi pas, un agent très spécial de sa gracieuse Majesté. N’en jetez plus, la coupe est pleine.

C’est très joli, mais si on danse ? Malheureusement, cette liste à la Prévert du parfait blockbuster cache un vide dramaturgique sidéral. Outre l’invraisemblance dans laquelle baigne le récit, il faut bien avouer que la narration se limite au strict minimum. L’intrigue s’avère simpliste, les suspens totalement artificiels et les protagonistes, des monotypes sans aucun relief ni charisme. Pourtant, l’équipage haut en couleurs de la Mary Alice aurait pu apporter un peu de piquant à cette distribution. Non, à la place, celle-ci se résume à un alignement de clichés tout droit sortis du cinéma des années quatre-vingts. De l’humour alors, histoire de sauver la donne ? Même pas, tout le monde y croit de manière très professionnelle, même le vrai-faux James Bond de service. C’est de la littérature jeunesse pré-ado argumente l’éditeur, du divertissement pur, il ne faut pas aller chercher midi à quatorze heure. Certes, en passant sous silence le fait que Pullman a toujours milité contre la discrimination par âge ou sexe de ses livres, cela n’excuse en rien la faiblesse généralisée de cet album décevant.

Sans vouloir trop enfoncer le clou, les illustrations n’offrent pas plus de réconfort aux lecteurs. Dessins froids, figés, voire maladroits, Fred Fordham a à peu près tout faux. Seule la mise en scène et le découpage sortent un peu du lot. L’ensemble est rythmé et globalement parfaitement lisible.

Daté, presque poussiéreux, John Blake se montre bien trop limité pour captiver plus qu’un instant.

Moyenne des chroniqueurs
4.0