Le chant du Monde Le chant du monde

L orsque Cheveux rouges s’enfuie avec Gina, le père de cette dernière, un riche propriétaire terrien, lance ses bouviers à la poursuite du couple. S’ensuit unéchaée dont l’issue pourrait s’avérer sanglante. Bien qu’elle se déroule en Provence, l’intrigue s’apparente au western. Tout d’abord la trame narrative, puis les décors faits de grands espaces, et enfin, des protagonistes qui, armes au poing, se déplacent à cheval et ne croient qu’en leur propre loi. Les amoureux n’aspirent pourtant qu’à vivre tranquillement dans une maison, à l’écart de la société, et d’y avoir une vaste marmaille. Pour y arriver, ils doivent affronter bien des périls.

L’histoire du Chant du Monde n’a rien d’extraordinaire, Roméo et Juliette dans la Camargue, pourquoi pas, mais encore ? Le récit de Jean Giono, adapté par Jacques Ferrandez, permet tout de même de développer une belle galerie de personnages, en particulier ceux des femmes. Dans cette saga, écrite en 1934, elles assument pleinement leur sexualité et leur liberté, elles n’ont peur de rien ni de personne, elles savent ce qu’elles veulent et comptent bien l’obtenir. Les figures masculines sont plus archétypales et nettement moins intéressantes : un père contrôlant, un autre dévoué, des hommes loyaux, pour le meilleur et pour le pire.

Le propos s’étire ? Peu importe, l’illustrateur des Carnets d’Orient a ainsi l’occasion de démontrer l’amplitude de son talent. D’abord les paysages auxquels il consacre de nombreuses doubles planches sur lesquelles il pose ses vignettes de telle façon qu’elles n’occupent pas tout la surface, comme s’il souhaitait éviter de complètement obstruer ses aquarelles. Paradoxalement, l’artiste se garde de surcharger ses cases. Privilégiant fréquemment un fond blanc ou abstrait, il invite le lecteur à concentrer son attention sur les acteurs, particulièrement sur l’expressivité des regards, entre autre sla colère contenue dans celui de Gina et le désarroi dans les yeux de son compagnon.

Jacques Ferrandez fait de jolies choses avec un roman un peu banal.

Moyenne des chroniqueurs
7.0