Ravel, un imaginaire musical

A lors qu'il ne se fait guère d'illusion sur le temps qu'il lui reste, Maurice Ravel demande à son fidèle ami, Alexis Roland-Manuel, de venir lui rendre visite, chez lui, au Belvédère à Montfort-L'Amaury. Six jours hors du temps avec l'un des maîtres de la musique classique du XXème siècle.

À la manière d'un journal, Guillaume Métayer et Karol Beffa s'appuient sur les dernières heures de l'artiste pour revenir, à travers ses souvenirs, sur les différentes étapes de sa vie. Entre formation et consécration, ponctué de rencontres marquantes et d'anecdotes savoureuses, c'est un Maurice Ravel ouvert et généreux que les auteurs dépeignent. Sa musique, sa curiosité, son rapport aux autres et à la création en général. Si les scénaristes prennent quelques libertés (dont ils s'excusent en préface) avec la vérité, ils n'en restent pas moins sincères. L'évocation des souvenirs du Maître est d'autant plus saisissante que le graphisme d'Aleksi Cavaillez, qui publie ici son premier album, s'avère évocateur à souhait. Un noir et blanc charbonneux, une mise en page ambitieuse et un découpage soigné lui permettent de proposer des compositions riches sans jamais perdre en lisibilité.

Même si le principal protagoniste apparaît d'emblée sympathique, le scénario n'a rien d'une hagiographie policée. Colérique parfois, procrastinateur la plupart du temps, les auteurs le peignent aussi exigeant envers lui-même qu'avec ses contemporains, proches ou collègues. Une construction à l'image du portrait qu'ils brossent, raffinée, soignée, elle est surtout très documentée. Une lecture plaisante, complétée par une postface généreuse signée par les scénaristes, qui prolonge le plaisir.

Sous la forme d'un ultime entretien, Ravel, un imaginaire musical se révèle être un livre sensible, plein de pudeur et original d'un compositeur hors du commun. Aleksi Cavaillez, Karol Beffa et Guillaume Métayer offrent un hommage grandiose, plein d'humanité et d'émotions.

Moyenne des chroniqueurs
7.0