The world The World

T el un document ayant échappé miraculeusement à une apocalypse, il semble manquer des morceaux à The World. Parcellaire, mais suffisamment complet pour avoir un sens, l’album fait la part belle à l’imagination du lecteur. Muet, sauf pour quelques cartons ou intertitres, les dessins guident les yeux et les esprits. Renforçant l’ambiance « messages venus d’outre-tombe », des fiches signalétiques (ou sont-ce juste des pièces d’un jeu oublié ?) clôturent le volume sur une note narrative originale et parfaitement complémentaire.

Si Mœbius n’est pas loin, les racines de l’ouvrage sont plutôt à chercher du côté du Japon. En effet, avec une attaque menée par un robot gigantesque, de petites créatures cagoulées de pied en cap et une sorcière tout droit sortie d’un mauvais rêve d’Hayao Miyazaki, Valentin Seiche ne peut nier l’inspiration manga de sa plume. D’autant plus que cette atmosphère nippone est renforcée par une colorisation reprenant les tons des estampes. Influencé, mais pas écrasé, l’auteur a créé un petit monde bien à lui des plus percutants. Les grandes compositions pleine page, souvent aériennes, font office de case et se détaillent avec malice, tandis que le trait mêlant rondeur et tremblement souligne adéquatement la violence et le désespoir engendrés par les événements.

Curiosité à la saveur extrême-orientale, The World réussit à piquer l’attention grâce à une réalisation surprenante et une bonne dose d’inventivité.

Moyenne des chroniqueurs
6.0