Un air de gravité Un Air de Gravité

S artre, Nietzsche, Spinoza, Dante sont sur un bateau... Non, sur les berges du Styx. Enfin, pas eux mais... Quand Philippe Foerster donne la parole aux philosophes pour mieux parler de ses semblables, il y a comme un Air de gravité dans les bulles...

Maître du noir et blanc, l'auteur du Confesseur Sauvage, revient avec un nouvel album décapant. Un enfer aux allures d'île de Pâques, un écrivain complexé de lire ses écrits en public, un complice qui questionne son environnement et de drôles d'histoires. Trois fables, fantastiques et glauques, oniriques et sombres, introduites par un Jean-Paul Sartre narrateur au phrasé... original.

Chacune d'entre elles (La horde de la douce nuit, La mère des viscères et Un air de gravité) mêle un thème universel de l'imaginaire collectif - Noël, l'Égypte ancienne, le cirque - à une peur moderne, un phénomène gentiment effrayant et à la mode - les zombies, les momies, les freaks -. Saisissant, parfois dérangeant, le dessin de l'artiste hypnotise à mesure que sa trame bascule dans l'horreur. L'humour, noir évidemment, est omniprésent, autant pendant les contes que lors des saynètes à la ville-sépulcre, créé une heureuse distance. Celle-ci est encore appuyée par la trogne des personnages, caricaturés à l'extrême, et le monstrueux bestiaire, organique, fabuleux et torturé. Un ingrédient bienvenu tant, parfois, la narration décousue rend le propos abscons ou obscur.

Dans la droite lignée de son précédent ouvrage, Philippe Foerster continue d'interroger le monde par le prisme de ses angoisses et de ses préoccupations. Plein de cynisme, Un air de gravité séduira les fans et déroutera les autres, mais ne laissera personne indifférent.

Moyenne des chroniqueurs
6.0