Chiisako garden

M inuscules créatures peuplant jardins et forêts, les Chiisakos se montrent peu. Ou, plutôt, rares sont ceux qui parviennent à les voir, même lorsqu’ils se trouvent juste devant eux. À des époques et des âges différents, Luna, Araï, Tomoki, Orin et Mitsuru font partie de ces privilégiés. Comment ? Pourquoi ? Ici commence le secret de ces petits êtres insaisissables.

Des Lilliputiens imaginés par Jonathan Swith aux Minimoys (Luc Besson et Céline Garcia) ou à Arrietty et aux chapardeurs (Mary Norton et les studios Ghibli), en passant par les farfadets ou la Poucette des contes, les humanoïdes miniatures ne manquent pas. Ceux de Yuki Kodama (Kids on the slope) cohabitent avec les hommes et leur veulent du bien, mais passent généralement inaperçus. Mis en scène à travers cinq histoires ayant pour cadre le monde réel, ils leur apportent un brin de douce fantaisie. Mieux, quoiqu’indépendants les uns des autres, les récits s’imbriquent et proposent chacun de dévoiler un coin du mystère. Les protagonistes possèdent en commun de se trouver à un moment singulier de leur existence et leur rencontre avec Ten (pour Luna et Orin à quatre cents ans d’intervalle), Ruka (pour Tomoki), Iguna (pour Araï) ou le prince de cette tribu (pour Mitsuru) constitue un tremplin vers un changement, qu’il s’agisse d’une prise de conscience, d’une ouverture ou de la résolution d’un conflit.

La délicatesse du propos se retrouve dans le dessin au trait léger et expressif. Les personnages sont bien caractérisés tant dans leur allure que dans leur psychologie. Et si les cadrages s’attardent davantage sur les visages et les émotions qui s’y reflètent, la mangaka offre quelques décors appréciables à travers quelques gros plans sur la végétation ou des panoramas assez réussis. Le découpage soigné assure, pour sa part, une bonne lisibilité.

Ouvrant les portes d’un micro-univers merveilleux jouxtant le nôtre, Chiisako garden constitue une lecture plaisante et pleine de tendresse.

Moyenne des chroniqueurs
6.0