Bienvenue en Chine

À la fin de ses études, Milad Nouri devait effectuer un stage à l’étranger et il a choisi la Chine. L’économie connaissait un boum inouï et les perspectives entrepreneuriales semblaient infinies. Étant tombé sous le charme particulier de L’Empire du Milieu lors de cette première expérience, il avait décidé d’y rester au-delà des six mois de son contrat initial. Près de quinze après, il y réside encore, y a fondé un business florissant et une famille aussi mondialisée que sa trajectoire.

Récit autobiographique en immersion façon Guy Delisle, Bienvenue en Chine raconte toutes les découvertes, tant culturelles qu’humaines, faites par l'auteur. Le choc face à l’ampleur du complexe industriel chinois, l’étrange mélange entre traditions sorties d’un autre temps (l’art d’entretenir ses « guanxi » ou réseaux sociaux, par exemple) et la brutalité contemporaine du monde des affaires, sans oublier le rôle si important de la nourriture et de l’alcool, l’ouvrage regorge d’anecdotes incroyables. L'incompréhension initiale fait rapidement place à l’apprentissage et au décryptage des codes de ce pays passionnant. Malheureusement, le ton monotone et auto-centré de la narration rend la lecture peu engageante, à la limite du guide de voyage. Les détails et les petits « secrets » sont bien là, l’ensemble manque juste et c’est un comble vu la nature du propos, de vie. Un peu de second degré ou de recul auraient certainement apporté un supplément d’âme bienvenu à un album pourtant pétillant et bourré d’informations pertinentes.

Graphiquement, Tian-You Zheng illustre ce modèle d’émigration réussie avec précision, mais sans réel panache. Tout est montré sur le même mode, tant les moments de joie que les épisodes dramatiques. Le rendu général est simplement neutre et rares sont les instants où l’émotion est réellement palpable. Le choix de la bichromie est également en faute. Trop terne, cette approche fait fi des ors et du cramoisi qui font habituellement briller les beaux quartiers de Shanghai ou Guangzhou.

Factuel à en devenir monocorde et visuellement très impersonnel et trop lisse, Bienvenue en Chine sera néanmoins utile aux candidats à l’exil vers l’Orient et, plus généralement, à tous les amateurs de dépaysement et d’exotisme.

Moyenne des chroniqueurs
5.0