Maudit sois-tu 1. Zaroff

U ne chasse à l'homme se déroule dans les bas-fonds de Londres : les instincts primaires peuvent s'exprimer en toute liberté. Le comte Zaroff contrôle la bête et la flatte ; il savoure cette puissance jouissive de pure animalité. Ceci n'est cependant qu'une machination visant à un dessein final plus grandiose : sa vengeance sur les méprisables individus à l'origine de la mort de son ancêtre et qui ont jeté une malédiction sur sa famille, cent cinquante ans auparavant. Il compte persécuter leurs descendants, uniquement coupables d'être de leur lignée. Son comparse, le docteur Moreau, joue à dieu et apporte sa contribution par des expérimentations contre-nature, innommables…

Après sa quadrilogie de SF Parallèle et le premier tome de Un peu de tarte aux épinards, Philippe Pelaez s'attaque à une trilogie qui aurait pu s'inscrire dans la collection 1800 de chez Soleil (titres qui mettent en scène des héros de la littérature du dix-neuvième siècle évoluant dans un univers aux accents surnaturels) mais qui parait chez Ankama. Chaque épisode apportera des réponses au précédent, sur le principe d'une analepse.

À la fois fantastique et dramatique, l'intrigue mêle des personnages romanesques (Moreau), cinématographiques (Zaroff) et réels (Shelley) autour d'un thème central : être l'égal de Dieu. Il y a du H.G Wells, du Dr Jekyll et Mister Hyde et peut-être du Frankenstein, néanmoins le scénario sait s'en détacher pour construire une base originale qui reste malgré tout dans l'esprit «épouvante», notamment avec le machiavélisme et la folie du duo de persécuteurs. Chaque rôle possède un caractère bien défini et complexe, s'éloignant des stéréotypes attendus. La réunion d'autant de héros connus était périlleuse toutefois, l'alchimie fonctionne parfaitement. Les dialogues dans le ton permettent de cerner les différents protagonistes et contribuent au plaisir de lecture avec certaines expressions fleuries. Le suspense n'est pas en reste avec une traque au sommet haletante. Si des zones d'ombre persistent, elles seront, à n'en pas douter, dissipées par la suite.

À regarder les illustrations de Carlos Puerta (Adamson, Jules Vernes et l'astrolabe), le lecteur pense aux anciennes couvertures de Bob Morane d'Henri Vernes ou à celles d'Edmund Bell de René Follet. Il se dit alors que le dessinateur à réussi à enlever cette pellicule d'aspect rétro/kitsch afin de donner à l'ouvrage un rendu vintage, en parfait accord avec le genre. Le réalisme photographique, associé à la palette étendue de couleurs douces et à l'éclairage cinématographique, transporte aisément dans cet univers aux influences multiples. Toi le spectateur, lis chaque planche attentivement car des informations importantes y sont glissées, laissant donc toute l'opportunité aux images de délivrer des indices.

Maudits soyez-vous, messieurs les auteurs ! En effet, le porte-monnaie ne vous remercie pas car votre début de saga se révèle particulièrement attractive et prometteuse.

Même héros, contexte et traitement différents : Zaroff.

Moyenne des chroniqueurs
7.0