Purple Heart 1. Le sauveur

A ncien soldat américain de la 101ème division aéroportée, Joshua Harrison a été décoré pour son comportement héroïque sur les champs de batailles des Ardennes Belges pendant la Seconde Guerre mondiale. À son retour à New York en 1946, il s'est reconverti comme enquêteur au sein d'un cabinet d'avocats. La première affaire qui lui est confiée concerne le chantage d'un magnat de l'immobilier et de sa sulfureuse épouse. Méfiance cependant, car le terrain sur lequel il va devoir s'avancer est tout autant miné, sinon plus, que celui dont il est sorti indemne quelques années plus tôt.

Le décor : les États-Unis, perçus en cette période, comme les défenseurs du monde libre. L'acteur principal : un retraité G.I récemment récompensé par la Purple Heart, une distinction militaire généralement attribuée aux blessés ou aux plus méritants. Quant au pitch d'Éric Warnauts, il est intéressant à plus d'un titre. D'abord, faisons l'éloge de la trame policière, laquelle de par ses tenants et ses aboutissants, remplit le contrat, car sans aller jusqu'à la qualifier d'originale, elle n'en est pas moins bluffante. Puis, il faut aussi souligner son déroulement qui ne subit pour ainsi dire aucune pause. Conséquence, le lecteur sera en quelque sorte muselé par une histoire prenante et bien pensée. Plus efficace qu'une salve de pruneaux, l'arme absolue et redoutable du personnage central réside dans son sex-appeal et dans la façon dont il s'en sert auprès de la gent féminine pour parvenir à glaner des informations qui s'avéreront primordiales pour les besoins de ses investigations. Et autant joindre l'utile à l'agréable, non ?

Tout bédéphile qui se respecte aura reconnu qui est masqué une nouvelle fois derrière le surnom "Raives", l'anagramme de Guy Servais. Inséparable avec son camarade Warnauts, décidément au four et au moulin sur cet ouvrage, ils forment un tandem de dessinateurs hors du commun et de renom (Lou Cale, Les Temps Nouveaux, L'orfèvre) garantissant à chaque sortie, un visuel réussi. Rompus à l'exercice, le réalisme additionné à une part d'audace donnée dans les postures et les mouvements, les auteurs parviennent à rendre une illustration en totale adéquation avec le scénario. Appréciables également sont les longues confidences apportées par le vétéran himself, lesquelles, identiques à des légendes, viennent border et ponctuer certaines grandes cases rectangulaires.

Le sauveur, premier volume de Purple Heart, présente toutes les caractéristiques d'un bon polar de série B, avec en prime, un agréable parfum de l'œuvre incontournable de James Ellroy.

Moyenne des chroniqueurs
7.0