Le roman des Goscinny Naissance d'un gaulois

C ’est à la demande amicale, mais pressante, d’Anne Goscinny que Catel a accepté de laisser de côté le sexe faible (Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouge, Joséphine Baker, etc.) pour raconter le grand René. Les créations de ce nom mythique de la bande dessinée ne sont plus à présenter tandis que son rôle majeur dans la naissance de Pilote ainsi que son travail infatigable pour découvrir et accompagner des auteurs en devenir font aussi partie de la légende du 9e art. Par contre, l’homme en lui-même est moins connu. Discret et humble, hormis pour quelques détails secondaires, il préférait garder le silence sur sa trajectoire personnelle. Pourtant, de Paris à Buenos Aires et retour en passant par New York, une multitude de rencontres et d’amitiés avec des géants du métier, sans oublier des drames familiaux fondateurs, cette vie a tout d’un roman.

En plus d’avoir eu un accès privilégié à toutes les archives de la famille, Catel a pu également compter sur le témoignage direct d’Anne. De plus, l’auteure a scrupuleusement étudié les nombreuses interviews qu’avait données le scénariste tout au long de sa carrière. Fort de ce matériel, la biographe a organisé sa narration en alternant des scènes décrites par les mots remplis d’esprit du papa avec des passages reprenant ses propres discussions avec la fille. Aux anecdotes et épisodes attendus vient s’ajouter un pan plus intimiste ; ce mélange entre reconstitutions et souvenirs apportent beaucoup de vivacité et de portée à l’album. D’un côté, il y a l'artiste bon vivant et, de l’autre, l’adolescent blessé par la disparition subite de son père et l’extermination d’une partie des siens lors de la Shoah. Il en ressort un portrait passionnant, profondément humain et spécialement touchant.

Également très intéressants, de nombreux extraits des carnets personnels d'un Goscinny cherchant sa voie ont été intégrés aux chapitres. Ces croquis, caricatures et galops d’essais démontrent l’envie profonde qui habitait le petit René depuis son plus jeune âge et qui ne le quittera jamais jusqu’à son tragique et dérisoire trépas. Faire rire son entourage et des millions lecteurs le cas échéant, si cet ouvrage souligne qu’une seule chose, c’est bien cette vocation géniale.

Sympathique, généreux – comment ne pas l’être en abordant un tel personnage ? - et infiniment tendre grâce aux réminiscences d’Anne, Le roman des Goscinny est une lecture hommage indispensable à tous ceux qui ont ri et qui rient encore en lisant et relisant Astérix, Iznogoud, Lucky Luke et autre Petit Nicolas.

Moyenne des chroniqueurs
7.0