Faut pas prendre les cons pour des gens 1. Tome 01

L ’œil en coin et toujours à l’affût des dernières tendances, Emmanuel Reuzé (aidé ici et là par Nicolas Rouhaud pour les scénarios) aligne et extrapole jusqu’à l’absurde les us et coutumes du moment. Un point d’actualité marquant, les errances de la morale globale 2.0, la dernière bêtise connectée à la mode ou, plus simplement, l’éternelle stupidité du genre humain, il n’a pas eu beaucoup à se torturer pour mettre en exergue la petite bête qui agace et chatouille. Si la manière et le traitement rappellent Fabcaro, l’auteur de L’art du 9e art arrive néanmoins à imposer sa marque. Au choc des civilisations, il préfère celui de l’esprit avec l’intelligence : attention aux brûlures dues à un abus de deuxième degré.

Mécanique à la Monty Python et habile confrontation entre sujets disparates, Reuzé avance tel un dessinateur de presse ; l’ouvrage est d’ailleurs parsemé de gags en une case. Cependant, le gaillard excelle davantage dans les histoires en une planche, quand il prend le temps et la place de développer ses punchs. Établir une situation, poser une atmosphère et la laisser tranquillement dégénérer en y ajoutant subrepticement une bonne dose d’improbable. Résultat, le lecteur se retrouve piégé par des rapprochements incongrus qu’il n’avait pas vus venir. Coincé devant tant de contradictions, ce dernier ne peut trouver refuge que dans un grand éclat de rire. Bien vu, l’artiste.

Dérision sans méchanceté (même si certaines pages ne sont pas éloignées du coup de gueule) et humour évidemment très référencé associés à une réalisation graphique originale d’excellente tenue, Faut pas prendre les cons pour des gens pourrait instruire certain ; surtout les autres, cela va sans dire.

Moyenne des chroniqueurs
7.0