Les cosmogoniales

I l faut toujours relire les classiques, c’est certainement cette saine maxime qui a guidé Hyacinthus (modeste pseudonyme choisi par Yacine Gouaref) pour imaginer et mettre en images Les Cosmogoniales. En cinq parties pour autant de règnes, il narre des genèses en se basant sur des extraits de textes grecs et latins. L’entreprise est ambitieuse et poétique, malgré un côté un peu artificiel. En effet, judicieusement choisis et organisés, il est aisé de faire dire ce que l’on veut aux mots, surtout quand leur contexte historique date d’il y a plus de deux mille ans.

L’artiste est seul maître à bord ainsi que l'unique détenteur des clefs de ses choix. Passé outre cette lapalissade, ces cosmologies démontrent une impressionnante érudition et un talent certain dans la mise en page. Au niveau des illustrations, le résultat est plus contrasté et reste, malheureusement, pauvre et guère engageant. Figurer le néant et les premières étincelles de vie tout en se confrontant aux mots d’Ovide, Horace et autre Empédocle ou Lucrèce n’est pas chose aisée. Un peu désarmé devant cette tâche titanesque, le dessinateur peine souvent à transcender son sujet et le résultat s’en ressent. Paradoxalement, ce voyage dans le temps et les matières s’avère néanmoins tentant et même attirant au vue de son sous-texte philosophique.

Loin de l’approche figuro-encyclopédique d’Alpha... directions de Jens Harder et lorgnant presque davantage vers la folie expérimentale de Marc-Antoine Mathieu dans ses Trois Rêveries, Les Cosmogoniales apporte une vision originale aux interrogations originelles du genre humain. Dommage, sur la longueur et en dépit d’un travail d’édition de très haute tenue, cette version finement lettrée des mythes fondateurs se révèle bien en deçà des attentes suggérées par ses prémices.

Moyenne des chroniqueurs
6.0