(AUT) Cabanes 1989, le grand tour

I nvité par Antenne 2 (aujourd’hui France 2) pour suivre le Tour de France 1989 en tant qu’illustrateur embarqué, Max Cabanes ne pouvait deviner qu’il allait être le témoin d’une des plus palpitantes éditions de la célèbre course. Pour lui, c’était avant tout la possibilité de participer de l’intérieur à un événement qu’il adulait depuis sa plus tendre enfance. Naguère bercé par les exploits de Ferdi Kubler, Louison Bobet, Fausto Coppi et autre Gino Bartali, il allait pouvoir littéralement suivre Pedro Delgado, Stephen Roche, Greg Lemond et Laurent Fignon dans leur combat effréné pour le maillot jaune.

Originellement paru il y a trente ans sous un titre un peu malheureux (La boucle magique), l’album a totalement été repensé et remanié pour devenir 1989, le grand Tour. Véritable carnet de terrain manuscrit richement illustré d’admirables aquarelles, l’ouvrage est le fruit d’un amoureux de la petite reine à qui on a donné l’occasion de vivre un rêve éveillé. D’abord, le scénariste s’intéresse logiquement aux coureurs (les stars et les porteurs d’eau), à la souffrance et à l’implacable ruban de bitume. Et puis et surtout, il tourne son regard vers l’entourage et les anonymes  : la caravane, les assistants (souvent d’anciens participants authentiques mines d’anecdotes) et les vieilles gloires qu’il peut croiser et aborder « pour de vrai ». Le bonheur de l’auteur est plus que palpable.

Entre impressions et galères, l’action du livre se dédouble constamment. D’un côté la course et, de l’autre, les « mésaventures » de Max Cabanes dans ce barnum à roulettes. Sa mission de chaque matin : trouver une voiture accompagnatrice qui le mènera jusqu’à la ligne d’arrivée. Dans une compétition d’une telle ampleur, il n’est évidemment pas le seul à vouloir approcher les athlètes. Largué par ses commanditaires – il faut être ponctuel, l’heure du départ n’attend pas -, il fera même une étape dans un véhicule de la gendarmerie ! Pas de pitié de la part des journalistes et des suiveurs, le système D est de rigueur pour ne pas être piégé par une échappée. Épuisé par trois semaines sans répit, mais tellement heureux de son aventure, le dessinateur ratera même le mythique contre-la-montre final.

De nombreux grands moments sportifs mêlés à des réflexions plus personnelles, 1989, le grand Tour constitue une ode au cyclisme et à ses légendaires forçats de la route. Cela va sans dire, cette lecture est chaudement recommandée aux amateurs de vélo et de belles images sur fond de tournesols en fleurs.

Moyenne des chroniqueurs
7.0