Ah, ça ira ! 1. Le pain et la poudre

E n ce mois d'octobre 1781, Alessandro se souvient des miches de pain fondantes que Frédéric déposait pour lui lors des rudes mois d'hiver. Trêve de rêverie à présent ! À Yorktown, la bataille est imminente. Tel un acrobate, le soldat agile esquive et danse jusqu'au camp adverse où il ôte de la surface de la Terre son comptant d'ennemis anglais. Huit ans plus tard, il retourne à Paris, sa ville natale, pour étancher sa soif d'injustice et retrouver sa sœur, Églantine. Au détour d'une rue, il retrouve son généreux camarade d'enfance. À l'aube de la Révolution, quel rôle ce trio jouera-t-il ?

«Je gémissais au milieu d’un groupe, sur notre lâcheté à tous, lorsque trois jeunes gens passent, se tenant par la main et criant aux armes » : c'est à partir de cette citation de Camille Desmoulins datant du 12 juillet 1789 que Jean-David Morvan développe cette nouvelle intrigue (prévue en quatre tomes). Trois héros ; pourtant, leur éclairage n'a pas la même intensité. En effet, le destin de Lissandro est nettement plus développé tandis que la personnalité de sa sœur s'offre plus de charisme. Quant à Frédéric, son rôle reste en arrière-plan. L'histoire de ces anonymes s'imprime ainsi en marge des événements majeurs de 1789, ultra-abordés en bande dessinée. Au fil des pages, le lecteur attend donc le déclic, l'originalité, le basculement qui lui fera dire : "Ah ! ça me va !" Le rythme alerte et les péripéties parfois connotées "superhéros" laissent l'hésitation s'épaissir : récit d'aventures ou récit historique ?

Le trait fin et dynamique de Julien Ribas (Le specimen ), associé au découpage varié et aux décors travaillés sans surcharge, accordent à l'ensemble beaucoup de clarté. Cependant, les coloris tranchés et parfois même inappropriés altèrent quelque peu le réalisme de l'époque évoquée, impactant le plaisir de lecture.

Le pain et la poudre se révèle une introduction intéressante, mais sans révolutionner le genre ni le sujet dans ce début de série. Les dernières pages proposent néanmoins des perspectives mouvementées pour la suite.

Moyenne des chroniqueurs
5.0