De Mémoire

N ick Powell n'oublie rien... Même s'il le voulait, cela lui serait impossible. Il souffre d'hypermnésie depuis sa plus tendre enfance. Une enfance pas vraiment heureuse puisqu'il a perdu son père, tandis que sa mère s'est retrouvée clouée dans un fauteuil roulant, lors un accident de la route alors qu'il n'avait que cinq ans. Des années après, tout cela risque d'influer à nouveau sur sa vie... car Nick Powell n'oublie rien. Jamais.

La mise en place d'Éric Corbeyran est efficace. Le scénariste multiforme connaît son affaire et, en plus de s'intéresser à un sujet qui interroge et pique d'emblée la curiosité, sa narration rend très vite cette histoire prenante. L'emploi de la voix off, utilisée avec parcimonie, s'avère en ce sens judicieux. Le trait de Winoc (Gran Café Tortoni, Le Postello) peut dérouter. À tendance réaliste, il ne brille pas par sa précision sur les corps et les visages, mais ses mises en scène et le dynamisme dont il fait preuve emportent. Autant par ce graphisme que par les informations sur l'enfance du héros et l'origine de son hypermnésie, distillées au compte-goutte, l'immersion se veut rapide et la lecture prenante.

L'action comme le suspense montent crescendo à mesure que le don de Nick et son accident s'avèrent être l'objet de la convoitise des antagonistes. Les ambiances sont bien rendues, grâce notamment au travail de Sébastien Bouët sur les couleurs. Tranquillement, toutes les pièces se mettent en place, sans se perdre en de trop nombreux rebondissements, et la tension croît jusqu'à la conclusion, qui aurait mérité quelques pages de plus pour convaincre pleinement. Malgré cet écueil, l'ensemble se tient tout au long des soixante-deux planches et permet de passer un bon moment.

Bon petit polar, De mémoire parvient à tenir en haleine jusqu'à son terme malgré un dénouement qui laissera les plus exigeants quelque peu sur leur faim. Peut-être l'occasion pour Éric Corbeyran et Winoc d'offrir une suite aux lecteurs conquis ?

Moyenne des chroniqueurs
6.0