Deux frères à Hollywood Deux frères à Hollywood - La Formidable…

R êvant de cinéma, les frères Disney se rendent à Hollywood. Ils se lassent cependant rapidement de travailler au profit des autres. Ils créent alors leur propre studio. Roy assurera les fonctions administratives et Walt, le plus jeune, les aspects artistiques. Les succès ne sont pas toujours au rendez-vous pour les pionniers du dessin animé sonore, en couleur et en long métrage. Petit à petit, l’empire prend tout de même forme. Le cadet apparaît comme un despote qui contrôle et s’approprie tout. En postface, l’auteur, Alex Nikolavitch, affirme d’ailleurs que le génie du créateur aura été de repérer et de rassembler les idées de ses collaborateurs et de les présenter comme s’il s’agissait des siennes.

Le scénario a l’allure d’un chapelet d’événements significatifs, présentés en séquences de quelques pages. Ces fragments sont peu liés. Une fois fusionnés, ils tracent malgré tout un portrait assez complet du tandem, de son impact sur le neuvième art et de son manque de sensibilité. Un volet particulièrement révélateur met en scène le cinéaste, forcé par son épouse d’accompagner ses deux filles au parc. À la fin de la journée, il conçoit un endroit pour les enfants... où les parents ne s’emmerderaient pas. Cet ultime pari était audacieux, mais dix ans plus tard Disneyland s’établissait en Californie.

Le propos, qui pourrait se révéler aride, est soutenu par les illustrations enjouées de Félix Ruiz. Son coup de crayon est typique de celui des années 1950 ou 1960 ; les personnages affichent de gros nez et des mentons protubérants, puis ont des réactions exagérées, accentuées par des gouttes de sueur ou de petites lignes marquant la stupeur, la colère ou la joie. Bref, un dessin tout ce qu’il y a de plus disnéen.

Deux frères à Hollywood dépeint un duo de visionnaires ; des marchands de bonheur durs en affaires et avides de gloire. Même les royaumes enchantés ont leur part d’ombre.

Moyenne des chroniqueurs
6.0