L'agent 1. Initiation

I l y a des meurtres qui dépassent le domaine du rationnel comme celui de ce dealer auquel Rhym, brillant officier de police, assiste impuissante dans le métro parisien, alors qu'elle planquait pour procéder au démantèlement d'un important réseau de drogue. Étrange également le comportement de l'assassin, jetant de l'herbe afin de couvrir sa fuite, occasionnant ainsi une amnésie générale. Commence alors une traque longue et difficile en collaboration avec une branche toute particulière des services du renseignement français, lesquels vont divulguer à la jeune femme la nature effrayante du sortilège qui l'habite.

«Si raconter une histoire ça doit se résumer à un mot, je dirais : surprendre» - Mathieu Gabella

L'objectif clairement affiché par le scénariste, Mathieu Gabella (Idoles, La Licorne), est atteint. Savant dosage de thriller et de magie vaudou, ce premier philtre de L'agent est étonnant, parvenant même, par instants, à estomaquer. Il propulse le lecteur dans le quotidien professionnel d'une fliquette en fonction à la brigade des stups et dont les talents indéniables ne se bornent pas seulement dans la résolution de ses enquêtes. Son flair de pisteur, tout juste dévoilé par un haut responsable du bureau de la surveillance du territoire et devenu un allié de circonstance, va lui permettre de coller aux basques d'un dangereux trafiquant de «tourmentine», une variété de graminée aux effets hallucinogènes et amnésiques. Quelles sont les motivations et les cibles de ce criminel ? D'où proviennent les pouvoirs surnaturels qui font de l'enquêtrice l'équivalent d'une sorcière ? De surprises en retournements de situations, le nouvel ouvrage de Glénat, qui étoffe là sa jeune collection Grindhouse, peut sembler par moments confus dans l'abondance d'explications dispensées. En définitive, l'album s'avère captivant, ne laissant personne indifférent à son alchimie.

Fernando Dagnino (Suicide Squad et Resurrection Man), autodidacte dans son domaine de prédilection, a jusqu'à présent souvent mis ses talents au service des Comics. Le dessin est réaliste principalement grâce à un encrage qui réussit à atténuer le degré d'épaisseur du crayonné initial. Quant aux couleurs de Carlos Morote, elles sont à l'instar de l'histoire, assez sombres avec des jeux de lumière semblables à des projecteurs qui viennent éclairer intensément de très belles toiles de fond.

Les auteurs, tels deux gourous endiablés, piquent la poupée à l'effigie du bédéphile. Êtes-vous prêt pour l'envoûtement ?

Moyenne des chroniqueurs
7.0