Afrikakorps 1. Battleaxe

E n 1941, loin des combats européens, la Lybie, province italienne, est elle aussi le théâtre de tensions militaires. Mussolini, qui veut accroître son influence en Afrique du Nord, lance ses troupes vers l’Égypte, alors sous protectorat anglais. Les troupes britanniques ripostent rapidement et, peu à peu, prennent le dessus. Elles poussent l’offensive non loin de Tripoli et mettent à mal l’armée adverse. Répondant à la sollicitation du Duce et honorant l’alliance qui unit leurs deux pays, Hitler envoie des troupes de l’autre côté de la Méditerranée. Ainsi naît le Deutsches Afrikakorps.

Après la campagne française, le lieutenant Von Richter, officier de la 5ème division blindée légère, arrive de Berlin. Il retrouve Otto, son mécano, et surtout les Panzers, chars d’assaut qui ont fait des merveilles en Pologne et en Europe occidentale. L’idée du général Rommel, qui dirige les troupes nazies sur le continent africain, est d’agir vite, avant que les Anglais ne soient informés de leur présence et n’aient le temps de s’organiser. La troupe se met en marche, alors qu’elle est incomplète. Son avancée est ponctuée d’affrontements avec les forces menées par Churchill. Mais ça n’est pas le seul ennemi. Le sable et la poussière grippent souvent la mécanique teutonne. La gestion du carburant et de l’eau doit être serrée, car la progression se fait au cœur du désert. Les 65° mesurés dans les blindés exténuent les hommes.

Après les quatre volumes de L’Armée des ombres, relatant la débâcle de la Wehrmacht sur le front russe, Olivier Speltens s’attaque, avec Afrikakorps, aux combats qui firent rage au Maghreb, entre 1941 et 1943. L’audace de l’auteur, comme l’indique le titre de cette série, prévue en trois tomes, est d’adopter le point de vue allemand. Le genre reste tributaire de la position du narrateur. Les mêmes faits, narrés par les vainqueurs ou par les vaincus, n’ont pas la même résonance. Et les seconds racontent peu.

Olivier Speltens fait à nouveau partager son souci de précision, qu’il applique aux faits, aux engins ou aux lieux. C’est un dessin réaliste, aux cases amples et aux couleurs chaudes des mers de sable, qui illustre cette avancée folle dans l’aridité libyenne, voulue par un général impatient et subie par des combattants poussés dans leurs retranchements.

Les amateurs de récits de guerre seront comblés par les épisodes, dialogues et tensions qui jalonnent cette ouverture. Ils pourraient cependant déplorer que les personnages n’aient pas davantage d’épaisseur psychologique, que leurs personnalités respectives n’aillent guère plus loin que leur fonctionnalité de soldat. Le périple vers Tobrouk révélera peut-être cette profondeur humaine, tant questionnée dans un contexte guerrier.

Moyenne des chroniqueurs
7.0