Stig & Tilde 3. Le club des losers

A près deux épreuves particulièrement difficiles, Stig et Tilde arrivent enfin à leur destination. Malheureusement, le paradis annoncé se révèle immédiatement être un enfer d’un tout autre genre. Sur la terre ferme, deux clans s’affrontent. D’un côté, Falco et sa clique imposent leurs règles et n’hésitent pas à bannir ceux qui ne partagent pas leurs vues (les filles surtout). De l’autre, les exclus survivent de rapines. Évidemment, les frictions sont nombreuses et les horions pleuvent à gogo à chaque rencontre.

Entre roman initiatique et robinsonnade, Max de Radiguès continue son exploration de l’adolescence. Dans Le club des losers, il plonge ses héros au cœur d’un univers à la Louis Pergaud. Le canevas est simple, sinon simpliste, et l’intérêt de l’album tient principalement à la dynamique sociale mise en place. Totalement à l’unisson de l’époque, l’auteur décrypte les relations fille-garçon au moment de leur entrée dans l’âge adulte. L’acceptation de soi, ce qui est convenable et ce qui ne l’est pas en matière de consentement, le sens de la justice, etc. sont abordés sous le couvert de péripéties hautes en couleurs. Même si les prémices de la série sortent de l’ordinaire (à l’origine, Stig et Tilde devaient passer un mois seuls sur une île pour s’aguerrir), la narration ne s’éloigne jamais d’une réalité reconnaissable par tous. En effet, plutôt que jouer sur la sur-dramatisation ou de quelconques envolées épiques, le scénariste préfère la finesse et privilégie un récit profondément ancré dans le quotidien. Résultat, la lecture sonne très juste et devrait parler tant aux ados qu’à leurs parents.

Sous ces faux-airs de conte pour enfants sages souligné par le style intemporel des dessins et une mise en couleurs en aplat façon Tintin, Stig & Tilde cache une vraie histoire d’aujourd’hui. Titre après titre, Max de Radiguès approfondit et affine ses réflexions sur les jeunes et leurs tourments existentiels et est en train de bâtir une œuvre sans pareille au sein du Neuvième Art.

Moyenne des chroniqueurs
6.5