L'odyssée d'Hakim 2. De la Turquie à la Grèce

P as de travail et l’argent qui se fait rare, comme auparavant à Beyrouth et Amann, le séjour à Antalya n’est que de courte durée. Hakim aura néanmoins trouvé l’amour et pris le temps de fonder une famille avec l’arrivée d’un fils. Direction Istanbul, la mégalopole turque devrait pouvoir offrir plus de débouchés pour trouver un emploi. Coup de chance, sa femme et ses beaux-parents ont la possibilité d’être accueillis en France. Évidemment, cette occasion inespérée est synonyme d'une nouvelle séparation déchirante. Résultat, le jeune homme se retrouve seul avec un nourrisson. Que faire ? Attendre d’hypothétiques documents officiels ou tenter le diable avec d’autres migrants en partance vers la Grèce ? Plus urgent dans l’immédiat, c’est l’heure du biberon.

Même si les projecteurs médiatiques se sont tournés vers d’autres sujets d’actualité, le drame des déplacés syriens reste une réalité partagée par des millions de personnes. Camps de réfugiés, situations administratives précaires ou arguments politiques utilisés par des tribuns au gré des élections, leur sort s’avère toujours aussi dramatique et incertain. Fabien Toulmé continue son œuvre d’information salvatrice dans le second tome de L’odyssée d’Hakim. Pas de chichi ou de tour de passe-passe scénaristique, juste un témoignage narrant une catastrophe personnelle aux échos universels. Alors que son pays a définitivement sombré dans le chaos et que les perspectives d’avenir se résument à survivre, le héros doit puiser au plus profond de lui pour ne pas abdiquer.

Par sa démarche, Toulmé met un visage sur les chiffres du CICR et ça change tout. Moi, vous, votre frère ou votre cousin, Hakim pourrait être n’importe qui. Il est impossible de ne pas être touché par les épreuves endurées par ce candidat involontaire à l’exil. Il en faut du courage, un bébé dans les bras, pour s’embarquer de nuit sur un Zodiac© alors que la mer est agitée. Pourquoi ce risque insensé ? Parce que ça ne peut pas être pire là-bas et qu’il n’y a rien ici pour lui. Le constat est implacable et il ne changera ni les esprits, ni ne ramènera la paix.

Les histoires les plus simples sont les plus belles, malgré ses prémices atroces, L’odyssée d’Hakim fait partie de celles-ci. Une lecture généreuse à faire partager autour de soi, pour savoir et pour comprendre.

Moyenne des chroniqueurs
7.0