Les frères Nowak 1. Œil pour œil, dent pour dent

F rance, 1939. La petite entreprise familiale de Maurice Nowak spécialisée dans la construction d'avions de guerre connaît la crise. Seul un partenariat financier avec l'envahisseur germanique pourrait renflouer les caisses et la sauver d'une faillite certaine. Le choix particulièrement difficile de collaborer avec la Luftwaffe irrite profondément ses fils, à commencer par Gabin, mécanicien dans leurs ateliers de production, et l'ainé, Louis, mobilisé sur le front. La rancune est tenace et la loi du talion apparaît inéluctable. Œil pour œil, dent pour dent.

La collection Cockpit et son thème sur l'aviation très appréciée par les lecteurs des éditions Paquet s'enrichit d'une nouvelle série. Aux manettes de ce diptyque, il y a d'abord le pilote, Francis Quériot, qui est ouvertement un passionné d'aéronautique. Son récit dramatique et fictif permet de faire la connaissance d'un clan qui se retrouve divisé et déchiré par l'option politique économique du chef de famille, contraint comme beaucoup de commerces et de manufactures de l'époque, de ne devoir leurs survies que grâce à des alliances opaques avec l'ennemi. Une décision prise par défaut qui plongera toute une lignée dans la tourmente avant que la vengeance ne s'impose d'elle-même sur la raison. Plaisantes, la narration et l'intrigue, parsemées de décrochages temporels, invitent le lectorat à voyager entre la France et l’Amérique du sud, des années quarante à soixante.

Copilote de luxe sur cet ouvrage, Olivier Dauger démontre à nouveau qu'il est bien un expert en matière de design et de belles silhouettes sur ses vieux engins mécaniques. Les lignes claires sont privilégiées et donnent l'occasion d'établir une brève checklist de son style : si les traits de ses aviateurs et autres protagonistes manquent d'éloquence, le souci du détail est en revanche appliqué et bien appréciable sur les profils des coucous. Après Ciel en ruine, Ciel de guerre et Hélène Boucher, l'étoile filante, il continue de faire l'étalage de son talent pour crayonner avec justesse les zincs d'autrefois, qu'ils aient été réels, prototypes ou créés de toutes pièces à l'image du «N20c» inspiré par le Percival Gull, un monoplan britannique.

Le premier tome des Frères Nowak effectue un décollage sans encombre et laisse planer suffisamment de mystères pour un second raid qui s'annonce des plus agréables.

Moyenne des chroniqueurs
7.0